Cette étape avait été marquée par tous les coureurs sur le calendrier des étapes de ce tour d’Italie comme certainement la plus redoutable. Redoutable car épreuve chronométrée individuelle. Une course contre la douleur, une course contre soi-même, une course contre le temps.
Rarement dans l’histoire du cyclisme, les épreuves contre la montre ont été si longues. Un long contre la montre de 66km avait déjà eu lieu en 1992. Il avait été remporté par l’espagnol Miguel Indurain. Cette victoire lui avait permis de gagner le premier de ses deux tours d’Italie d’affilée.
Ce matin, Danilo Di Luca, le maillot rose, savait qu’il allait partir avec un handicap certain face à d’autres coureurs spécialistes de l’effort solitaire. Ses plus proches adversaires au classement général étant, de plus, de redoutables rouleurs, Denis Menchov (photo), Levi Leipheimer et Michael Rogers, il pouvait tout juste espérer ne pas trop perdre de temps pour conserver un espoir de se refaire une santé et de reprendre la tête du classement général dans les prochaines étapes de montagne.
C’est ce qu’il a réussi à faire, préserver ses chances pour la troisième semaine. L’ex maillot rose termine 6ème en ne perdant qu’une minute et 54 secondes sur le vainqueur du jour, le russe Denis Menchov, déjà victorieux lors de la grande étape des dolomites à l’Alpe di Siusi.
Le coureur de la Rabobank a remporté ce long parcours chronométré de 60.6km en 1 heure 34 minutes et 29 secondes à une moyenne de plus de 38 km/h. Cela peut paraître beaucoup. En réalité, c’est relativement faible pour un contre la montre. Cela s’explique par la durée de l’effort mais aussi par le fait que le parcours n’était pas tout plat.
Du côté des autres prétendants au maillot rose, les destins ont été variés.
Levi Leipheimer (photo ci-contre), en bon spécialiste de ce type d’étape termine deuxième et se replace idéalement en troisième position au classement général à 40 secondes du russe. Michael Rogers, pourtant ancien champion du monde de la spécialité termine à une petite 14ème place à 2 minutes 46 secondes juste derrière Lance Armstrong qui laisse filer 2 minutes et 26 secondes mais s’estime content de sa performance dans une étape qu’il a décrite comme « dure et épique » sur son Twitter. Il a d’ailleurs félicité ses coéquipiers Leipheimer, qui termine deuxième, et Brajkovic qui termine quatrième.
Ivan Basso, décevant, termine 11ème à 2 minutes et 17 secondes. Son équipier Franco Pellizotti qu’on avait vu en forme dans la montagne termine devant lui en 5ème position en ne perdant qu’une minute et 27 secondes sur Denis Menchov, ancien double vainqueur de la Vuelta.
On a noté l’absence du probable meilleur spécialiste actuel de la discipline, le suisse Fabian Cancellara (photo à droite), peu en forme depuis sa chute au Tour de Californie dont il avait remporté le contre la montre. Il a en effet abandonné au terme de l’étape d’hier. Il va se reposer quelques jours avant de partir en stage dans les Alpes avec son équipe afin de repérer les étapes du Tour de France.
Il va donc maintenant falloir que la Liquigas décide de la stratégie à adopter pour la fin de ce Giro. Laisser Basso leader de l’équipe ou permettre à Pellizotti de jouer sa carte personnelle, ce dernier ayant l’air d’être plus en forme que son leader…
Dur choix tactique et managerial pour le staff de la Liquigas assurément !
Cette étape a aussi permis d’y voir plus clair sur les forces en présence dans ce Giro. Tout se jouera maintenant lors de la très dure troisième semaine.
Menchov, Di Luca, Leipheimer, Pellizotti, Sastre, Rogers et Basso. Voilà ceux avec qui il faudra compter pour la fin de ce Giro.
Demain, les coureurs rejoindront Florence au terme de 176km d’une étape complètement plate. Une arrivée au sprint sera encore hautement probable.
Verra-t-on la revance de Petacchi sur Cavendish ou bien la troisième victoire de Cav’ ?
Le saviez-vous ?
Nous parlions hier d’équipement pour l’étape du jour. Il se trouve que la plupart des coureurs avaient choisi un vélo traditionnel avec des jantes profilées et un guidon de triathlète afin d’améliorer leur position sur le vélo ou un cadre de vélo de contre la montre mais avec des roues profilées à rayon.
La difficulté de l’épreuve, longueur et nombre de côtes sur le parcours, a fait renoncer les coureurs à utiliser un équipement complètement profilé et dédié à cet exercice si particulier qu’est le contre la montre. Danilo Di Luca n’avait même pas mis d’embouts de guidon de triathlète sur son vélo ! Il le regrette peut-être n’ayant pas perdu autant de temps que ce qu’il pensait certainement.
Le classement de l’étape :
1 Denis Menchov (Rus) Rabobank 1h34min29 (38.483 km/h)
2 Levi Leipheimer (USA) Astana 0.20
3 Stefano Garzelli (Ita) Acqua & Sapone – Caffe Mokambo 1.03
4 Janez Brajkovic (Slo) Astana 1.14
5 Franco Pellizotti (Ita) Liquigas 1.27
6 Danilo Di Luca (Ita) LPR Brakes – Farnese Vini 1.54
7 Bradley Wiggins (GBr) Garmin – Slipstream 1.59
8 Gabriele Bosisio (Ita) LPR Brakes – Farnese Vini 2.04
9 Jose Serpa (Col) Serramenti PVC Diquigiovanni-Androni Giocattoli 2.13
10 Marzio Bruseghin (Ita) Lampre – N.G.C. 2.17
Les 10 premiers du classement général :
1 Denis Menchov (Rus) Rabobank 50h27min17
2 Danilo Di Luca (Ita) LPR Brakes – Farnese Vini 0.34
3 Levi Leipheimer (USA) Astana 0.40
4 Franco Pellizotti (Ita) Liquigas 2.00
5 Carlos Sastre (Spa) Cervelo Test Team 2.52
6 Michael Rogers (Aus) Team Columbia – Highroad 2.59
7 Ivan Basso (Ita) Liquigas 3.00
8 Gilberto Simoni (Ita) Serramenti PVC Diquigiovannii 4.38
9 Marzio Bruseghin (Ita) Lampre – N.G.C. 5.26
10 Thomas Lövkvist (Swe) Team Columbia – Highroad 5.53
Crédits photos :
Denis Menchov et Levi Leipheimer par alex_lee001 – Creative Commons
Fabian Cancellara par Le portail du vélo – Tous droits réservés
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