A la sortie des trois semaines de course de ce Giro, un bilan peut être fait. A cinq semaines du Tour de France, quelles sont les forces en présence ?
Quels sont les favoris que nous retrouverons sur les routes françaises en Juillet ?
Quelles ont été les déceptions, quels potentiels se sont révélés, confirmés ?
Voyons tout cela ensemble….
La course en elle-même
Tous les coureurs se sont accordés sur ce fait, ce tour d’Italie était très dur. L’étape de Monte Petrano ayant duré près de 8h pour certains coureurs a été décrite par tous comme l’une des journées les plus dures jamais vécues sur un vélo, sinon même la plus dure !
Ce Giro était très montagneux et le peu de contre la montre a été d’une difficulté extrème, soit par la longueur de l’épreuve (62,5km du contre la montre des cinq terres), soit par les conditions météo (pluie et chaussée pavée glissante dimanche à Rome)
Les classements
Menchov remporte le maillot rose. Son dauphin au classement, Di Luca, emporte le maillot cyclamen du classement par points. Stefano Garzelli repart avec le maillot vert de meilleur grimpeur. Le belge Kevin Seeldraeyers apporte à Quick Step le maillot blanc de meilleur jeune. Il confirme son excellent potentiel. Il faudra compter avec lui dans les années à venir sur les grands tours.
L’équipe Astana remporte, quant à elle, le classement par équipe.
Les enseignements de la course sur les principaux leaders et animateurs de ce Giro
Menchov, la victoire défensive
La victoire de Denis Menchov a été juste. On pourrait dire qu’il a gagné d’un souffle. A part dans le long contre la montre et une arrivée en altitude, le russe n’a jamais semblé au dessus de ses adversaires, au contraire même, se contentant de répondre aux attaques et de suivre les meilleurs et les coureurs attaquant dans la roue, Ivan Basso, Danilo Di Luca ou encore Carlos Sastre.
Le verra-t-on sur le Tour ?
L’incertitude plane encore. Ayant déjà gagné la Vuelta par deux fois et ayant apparemment eu son pic de forme sur le Giro, le russe prendra-t-il le risque de s’aligner sur le Tour de France au lieu d’aller gagner une troisième fois la Vuelta ?
J’ai du mal à y croire ou alors, sans aucune prétention au général mais simplement dans le but de préparer au mieux le Tour d’Espagne.
Di Luca, un retour en force
Revenu de suspension, comme beaucoup d’autres jolis figurants de ce Giro (Scarponi, Basso notamment), le vainqueur du classement par points a illuminé le Giro de sa fougue et de son envie, attaquant sans relâche et méritant plus que n’importe quel autre coureur sa place de deuxième sur le podium.
Il ne sera pas sur le Tour, son équipe, n’étant pas invitée, étant une équipe continentale et n’ayant pas eu les faveurs de l’organisation.
Pellizotti, le dauphin devenu roi
Venu sur le Giro pour seconder son leader Basso, Franco Pellizotti a dépassé le maître, arrivant à suivre les leaders quand le sien lâchait prise en haut des cols.
Il termine troisième, loin devant son leader, Basso mais assez loin de Di Luca. Une question mérité d’être posée : où aurait-il été si toute l’équipe avait roulé pour lui ?
Il est possible qu’on le voit sur le Tour de France, mais sera-t-il encore en forme en Juillet ?
Sastre, la préparation offensive
Carlos Sastre m’a surpris sur ce Giro. Je ne l’attendais pas à ce niveau aussi tôt.
Alors, certes, il a montré dans le contre la montre qu’il n’était pas encore revenu à son niveau de fin de Tour 2008 mais il a gagné par deux fois en altitude en lâchant des adversaires pourtant très motivés.
Il n’était sur le Giro, officiellement, que pour se préparer pour le Tour ! Belle réussite.
Il faudra clairement compter sur lui pour défendre son titre sur le Tour, c’est une certitude. Il aura deplus avec lui une équipe très forte, avec notamment Serge Pauwels, le belge ayant fait très forte impression sur ce Giro.
Leipheimer, le prix d’une saison commencée très tôt
Levi Leipheimer a montré de belles choses sur ce Giro, étant capable de suivre les meilleurs en montagne jusqu’à la troisième semaine. Il a également montré ses limites et confirmé qu’il n’était pas un coureur de course à étape de trois semaines, perdant pied la troisième semaine.
Il sera d’une grande aide à Alberto Contador ou Lance Armstrong sur le Tour mais ne pourra raisonnablement pas jouer sa carte personnelle au général.
Basso, un retour prometteur
Le retour d’Ivan Basso est réussi. Bien que n’ayant pas fini sur le podium, le coureur de la Liquigas a quand même montré une grande aisance dans la montagne, attaquant même à plusieurs reprises sans pour autant réussir à gagner ou à reprendre du temps à ses adversaires.
Avec une stratégie meilleure de son équipe et la désignation d’un vrai leadership avec Pellizotti, il aurait certainement pu mieux faire encore. Dommage qu’il ne soit pas le bienvenu sur le Tour, les organisateurs n’acceptant pas les repentis du dopage de l’affaire Puerto. On ne saura jamais ce qu’il vaut réellement face à Contador ou face à Armstrong revenu à son meilleur niveau.
Armstrong, où en est-il vraiment ?
C’est la question qu’on peut se poser. Il n’a cessé de s’améliorer pendant ces trois semaines, finissant d’ailleurs avec les meilleurs les dernières étapes de montagne et se payant même le luxe d’attaquer dans la montée vers Blockhaus.
Dans le dernier contre la montre, alors même qu’il a paru très prudent et même complètement au ralenti à certains moments, il termine plutôt bien. Il a ensuite semblé revenir à son poste de « boss » sur certaines étapes, régulant le peloton et imposant son équipe. Un avant-goût du Tour ?
Quoi qu’il en soit, il n’est pas encore revenu à son niveau d’antan, c’est certain mais vu son aisance sur ce Giro, on imagine à peine ce que cela pourrait donner à pleine puissance sur le Tour.
Le gagnera-t-il ? Je ne le pense pas. Il aidera fortement Alberto Contador, c’est certain mais il ne gagnera pas ou alors, sauf défaillance de Contador.
Yaroslav Popovych, le retour de l’ex-futur espoir
L’ukrainien de l’équipe Astana est revenu en forme sur ce Giro. Echappé dans l’étape de Monte Petrano, performant en contre la montre, toujours à l’avant, régulièrement à l’avant dans les ascensions, il a montré qu’il commençait à revenir à son niveau des années Armstrong.
Il sera d’une aide précieuse pour Contador et Armstrong sur le Tour.
Michael Rogers, le retour au premier plan
L’australien, ex-champion du monde du contre la montre semble avoir pris un virage dans sa carrière en se déspécialisant un peu. Il est apparu sur ce Giro comme un prétendant à la victoire finale, ne craquant que lors des toutes dernières étapes de montagne. Un futur vainqueur de grand Tour ?
Epaulé par Georges Hincapie et Thomas Lövkvist sur le Tour, il pourrait briller…
Thomas Lövkvist, le futur grand
Longtemps meilleur jeune de ce Giro, le jeune suédois a surpris et démontré toutes ses qualités. Il sera certainement aligné sur le Tour au sein de cette superbe équipe Columbia qui pourrait certainement tirer son épingle du jeu des luttes fortes entre les grosses équipes, on pense à Astana et Saxo Bank.
Un prétendant certain au maillot plan sur le Tour et plus si les opportunités se présentent.
Edvald Boasson Hagen, le futur Merckx
Ce jeune est impressionnant. Vainqueur de la semi-classique Gand-Wevelgem cette saison, il a gagné sa première grande victoire sur ce Giro et a régulièrement été présent dans les sprints, dans les ascensions, dans les échappées. Il semble très polyvalent et semble, à la lumière de ses capacités et de ses résultats, capable de tout.
Les grands du peloton lui ont prédit une victoire prochaine dans un grand Tour. Je pense personnellement que ce norvégien peut tout gagner. On le verra donc assurément sur le Tour.
Peut-être en vert, en pois rouges ou même, pourquoi pas en jaune pendant quelques jours ?
Quid des français ?
Les français ont été les grands absents de ce Giro très dur et très relevé. Néanmoins, trois d’entre eux se sont beaucoup montrés.
Guillaume Bonnafond, le jeune coureur de l’équipe AG2R La Mondiale. On l’a vu à trois reprises dans une échappée. Belle performance même si celles-ci ne lui ont jamais permis d’aller au bout ni de gagner une étape.
Sébastien Hinault, le coureur de la Française des jeux a régulièrement bien fini en se positionnant bien dans plusieurs arrivées au sprint. De bonne augure pour le prochain Tour de France même si la présence de Mark Cavendish devrait sérieusement compliquer les choses pour les sprinteurs du peloton.
Thomas Voeckler (photo), le coureur de l’équipe BBox a été sans nul doute le meilleur français de ce Giro, prenant part à plusieurs échappées, s’accrochant dans les ascensions et finissant même deuxième de la dernière étape en ligne Samedi derrière Philippe Gilbert. Il sera à surveiller sur le Tour ! Il pourrait même vouloir emporter le maillot à pois.
Crédits photos :
Denis Menchov par khoogheem – Creative Commons
Lance Armstrong par KezSLR – Creative Commons
Edvald Boasson Hagen par gumdropgas – Creative Commons
Thomas Voeckler par leportailduvelo – Tous droits réservés
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