L’étape reine
Aujourd’hui avait lieu l’étape reine de ce Tour 2009 avec une succession de cols parmi lesquels le col des Saisies, le col de la Colombière entre autres.
L’étape fut pleine de retournements de situations, de chutes, de moments forts et intenses et a offert un beau vainqueur en Franck Schleck, venant couronner le gros travail de son équipe et de son frère Andy.
Après une échappée matinale pluivieuse et à qui la réussite n’a pas souri, les favoris se sont fait la guerre dans les pentes des cols de Romme et de la Colombière. A coups de lieutenants puis d’attaques directes, Andy Schleck, qui est désormais le candidat le plus sérieux à la seconde marche du podium et Alberto Contador se sont livrés une belle bataille.
L’espagnol reste un ton au dessus. Un gros ton d’ailleurs. Il sera très difficile pour ses adversaires de le détrôner.
Du côté des français, on note la belle performance de Moreau et Pauriol. Dommage qu’il n’y ait pas de 4ème semaine pour Moreau, il y aurait brillé, progressant de jour en jour.
Analyse des points marquants de cette étape.
L’instant norvégien
Thor Hushovd, parti avec Lequatre après le premier col, avait pour idée de faire les sprints pour justifier et solidifier son maillot vert. Une manière d’effacer les déclarations de certains dans le peloton l’accusant d’avoir profité d’une décision des commisssaires, le déclassement de Cavendish lors du dernier sprint.
Rapidement, le norvéigien s’est retrouvé seul, Lequatre ayant cassé son dérailleur et étant donc condamné à attendre sa voiture. Attente qui fut très longue puisqu’il dut laisser passer ldes autres échappés, le peloton et plusieurs voitures avant de voir la sienne et enfin pouvoir être dépanné et enfin repartir.
Hushovd a alors passé toutes les difficultés seul passant donc les sprints des Flumet et de Cluses seul. Après cela, il décida de se relever alors que Carlos Barredo revenait sur lui et que les attaques commençaient dans le peloton.
Il s’est fait une petite frayeur dans la descente l’emmenant vers Sallanches en glissant dans un virage et en maquant de justesse de se faire corriger par la barrière de sécurité.
Le norvégien a également montré qu’il n’était pas qu’un sprinteur et a peut-être également voulu faire plaisir à son grand copain Jens Voigt, hospitalisé après sa terrible chute dans la descente vers Bourg-Saint-Maurice.
Menchov au bout du roulot
Menchov a offert un véritable festival de chutes aujourd’hui. Après être tombé à l’endroit où Hushovd avait failli tomber un peu plus tôt, il a ensuite glissé sur une bande blanche dans un virage à Sallanches et a sauté un terre plein central pour éviter de perdre du temps à un rond-point.
Sur la première chute, il ne pouvait pas faire grand chose. Arrivé trop vite, il a glissé. Par contre, sur la seconde, il était complètement tétanisé sur son vélo, ce qui a surement facilité sa chute.
Il avait déjà chuté sur ce Tour durant le Contre-la-montre par équipe et avait également goûté le bitume romain lors du dernier contre-la-montre du Giro qu’il avait remporté.
Il est probable que le russe commence à sérieusement appréhender de rouler sous la pluie.
Au final et après ces trop nombreuses mésaventures, il a fini loin des meilleurs, à 21 minutes.
Evans sombre
Evans a, quant à lui, une nouvelle fois sombré au fond du classement de l’étape et du classement général. Ce soir, on le sentait résigné sur son Twitter même s’il semblait s’être fait une raison, expliquant qu’il avait été content de pouvoir discuter avec les australiens venus l’encourager sur le bord de la route, roulant lentement.
Il sera intéressant de lire ses analyses ou celles de son équipe sur son naufrage pendant ce Tour. Certes, il y a eu la malchance du contre-la-montre par équipe mais cela ne peut pas tout expliquer. Sastre qui n’a jamais été bien classé a attaqué, aujourd’hui encore.
Même s’il ne termine pas avec les meilleurs, il a été à un niveau honorable, certes pas celui de l’année dernière mais à un niveau
La symphonie Schleck au son de victoire
Quelle belle victoire des deux frères Schleck. Victoire offerte par Contador, entendons-nous bien, mais belle victoire quand même. Les deux frangins luxembourgeois auront parfaitement joué leur double carte dans les deux derniers cols.
Cela se termine bien pour eux avec la victoire de Franck mais une chose me semble certaine, si Franck s’était réellement sacrifié pour Andy, peut-être que ce dernier aurait pu s’offrir la victoire, échappé devant tous les autres.
On a l’impression, même si cette valse à deux temps des luxembourgeois fonctionne bien, que Franck ne se donne pas à 100% pour Andy et que donc Contador n’est pas poussé dans ses ultimes retranchements.
Heureusement pour eux, ces trois-là ont basculé ensemble et Contador, en seigneur et patron respecté qu’il veut devenir, leur a laissé la victoire. Une superbe victoire, la troisième pour l’équipe Saxo Bank de Bjarn Riis après celles de Cancellara et de Sorensen.
Retour sur la stratégie Astana
La tactique mise ne place par Bruyneel a parfaitement fonctionné aujourd’hui. Armstrong en chien de garde des attaquants et Klöden en protecteur de Contador. Lors des premières salves de Franck Shleck, c’est Armstrong qui a répondu, puis lorsque Andy a attaqué à son tour, c’est Contador qui a répondu directement.
Enfin, lorsque Wiggins a lâché prise, Armstrong est resté avec lui pour faire un faux train et pour tenter de le retarder. Cependant plusieurs petites choses sont venues contrarier le tableau qui, d’extérieur, peut paraître parfait.
Tout d’abord concernant Armstrong. A jouer le défenseur, le texan a perdu un temps considérable et pointe ce soir en 4ème position alors qu’il était en 2ème ce matin. A voir son démarrage dans le dernier kilomètre de la Colombière pour limiter les dégâts, on se dit qu’il aurait pu largement suivre le quatuor de tête.
Ce soir il s’est dit déçu de l’étape pour cela. Il était énervé d’être bloqué dans le groupe où il était car il perdait du temps et aurait pu être devant. Dur de ne plus être leader…
La petite phrase du président Sarkozy saluant son état d’esrpit et son courage lui remonteront surement le moral.
Puis, Klöden. Contador, en voulant attaquer à la fin de la Colombière, a fait exploser son équipier. Ce dernier finit rincé et perd également un temps considérable, étant relégué à la cinquième place. Pourquoi une telle attaque ?
Il y aurait eu une mésentente entre les deux coureurs. Apparemment dûe à un souci de langue. L’un étant espagnol, l’autre allemand. Cependant, ce soir, au sein même de l’équipe, certains (Levi Leipheimer) accusent déjà Contador d’avoir fait exprès de distancer son coéquipier afin de s’assurer de la victoire finale dimanche et d’un éventuel retour de l’allemand à la faveur d’une défaillance, d’un souci dans le chrono etc. Ambiance…
La tactique était bonne mais ce soir, l’ambiance doit être tendue dans les rangs de la formation Astana. On verra demain ce que le contre-la-montre d’Annecy long de 40,5 kilomètres réservera comme surprises ou confirmations.
Les classements
Cette étape a fait de gros dégâts. Le classement général est donc chamboulé ce soir. Les deux frères Schleck montent sur le podium et repoussent Armstrong et Klöden en quatrième et cinquième position.
On parlait hier d’un podium 100% Astana à Paris. Ce sera compliqué. Il faudra que les coureurs Astana sortent un contre-la-montre remarquable autour de Annecy pour reprendre autant de temps aux frères Schleck.
Quant à Wiggins, piégé par le jeu d’équipier parfait de Armstrong, il a perdu beaucoup de temps et ne pourra peut-être pas en reprendre suffisamment pour remonter.
Evans sombre littéralement ce soir en perdant plus de 29 minutes. Il est maintenant 32èmle au classement avec 37 minutes de retard sur Contador.
Que peut-on encore attendre de lui ? Un sursaut d’orgueil demain ou dimanche ? En temps normal j’aurais parié là-dessus. Vue sa condition, je ne pense pas.
Au niveau des classements annexes, pas de changement. Tous les leaders de ces classements renforcent leur leadership.
Le classement de l’étape
1 Fränk Schleck (Lux) Team Saxo Bank 4:53:54
2 Alberto Contador Velasco (Esp) Astana
3 Andy Schleck (Lux) Team Saxo Bank
4 Vincenzo Nibali (Ita) Liquigas 0:02:18
5 Lance Armstrong (USA) Astana
6 Andreas Klöden (All) Astana 0:02:27
7 Bradley Wiggins (GBr) Garmin – Slipstream 0:03:07
8 Christophe Moreau (Fra) Agritubel 0:04:09
9 Christian Vande Velde (USA) Garmin – Slipstream
10 Rémi Pauriol (Fra) Cofidis, Le Credit en Ligne 0:06:10
Les dix premiers du classement général
1 Alberto Contador Velasco (Esp) Astana 72:27:09
2 Andy Schleck (Lux) Team Saxo Bank 0:02:26
3 Fränk Schleck (Lux) Team Saxo Bank 0:03:25
4 Lance Armstrong (USA) Astana 0:03:55
5 Andreas Klöden (All) Astana 0:04:44
6 Bradley Wiggins (GBr) Garmin – Slipstream 0:04:53
7 Vincenzo Nibali (Ita) Liquigas 0:05:09
8 Christian Vande Velde (USA) Garmin – Slipstream 0:08:08
9 Christophe Le Mevel (Fra) Française des Jeux 0:09:19
10 Mikel Astarloza Chaurreau (Esp) Euskaltel – Euskadi 0:10:50
Maillot vert : Thor Hushovd – Cervelo Test Team
Maillot à pois : Franco Pellizotti – Liquigas
Maillot blanc :Andy Schleck – Saxo Bank