Il s’agit peut-être du matériel le plus commenté lors du dernier Tour de France. Les journalistes se sont souvent interrogés sur l’apport que ce plateau différent offrait à ses utilisateurs. On a parlé de son apport de 10W de puissance supplémentaire, d’une diminuation de la production d’acide lactique à l’effort.
Les experts interrogés étaient plutôt circonspects. Pour le moment, comme toute innovation à ses débuts, ce matériel est autorisé par l’UCI, ou du moins pas interdit.
Ce matériel « magique », c’est le plateau Osymetric, utilisé notamment par Bradley Wiggins, le vainqueur du Tour de France. Ce plateau présente la particularité de ne pas être rond comme le sont habituellement les plateaux équipant les vélos, comme on le voit bien sur le zoom visible ci-dessous. Je l’ai testé comme vous pourrez le lire dans cet article.
Une innovation qui ne date pas d’hier
Développé par Jean-Louis Talo, il y a 20 ans environ, en 1 mois, le premier prototype ayant été le bon, le plateau Osymétric ne fait parler de lui auprès du plus grand nombre, réellement que depuis cette année grâce aux performances de Bradley Wiggins et à l’éclairage que les médias lui ont donné.
Pourtant bien connu des triathlètes qui l’utilisent beaucoup, étant toujours en recherche de performance et d’optimisations, l’introduction de ce matériel dans le peloton n’a jamais été franche malgré quelques belles victoires depuis quelques années. Bobby Julich a été le premier à l’utiliser et à gagner régulièrement avec ces dernières années. Quand il a arrêté le vélo, il en aurait parlé à Bradley Wiggins qui l’a testé, puis adopé, avec les succès qu’on connait.
Mais bien avant, Thierry Marie avait déjà terminé second du championnat du monde du contre-la-montre en Sicile en 1994 en étant équipé de ce plateau. La « magie » de ce plateau ne date donc pas d’hier.
Pourquoi une utilisation si récente ?
Comme tout processus d’amélioration potentielle de la performance, le gain estimé a souvent été mis dans la balance des autres procédés d’augmentation de la performance.
C’est la raison que donne d’ailleurs le concepteur de ce plateau, Jean-Louis Talo, pour expliquer que son plateau n’a pas beaucoup été utilisé pendant les années 80 à 2010, les produits dopants et notamment l’EPO étant largement répandus et apportant un gain nettement supérieur à celui, intéressant mais faible en regard du dopage, qu’apporte le plateau Osymetric. Avec la lutte anti-dopage, il devient en effet de plus en plus difficile de faire la différence.
C’est donc ce qui expliquerait que ce n’est que récemment que certains coureurs, souhaitant mettre tous les atouts de leur côté, sans franchir la ligne rouge, ont décidé de tester puis d’utiliser, visiblement satisfaits de son utilisation, ce plateau.
Comment fonctionne ce plateau ?
Le principe de fonctionnement de ce plateau est simple. Le rayon du plateau est plus petit lors du point mort du mouvement, lorsque la jambe est en bas mais est par contre plus grand lorsque la jambe est en haut et donc au maximum de sa force potentielle. On soulage donc la jambe qui pédale lorsqu’elle est faible avec un plateau équivalent plus petit et on la charge lorsqu’elle est forte avec un plateau équivalent plus gros.
Il ne s’agit d’ailleurs pas un pédalier ovale comme certains le pensent même si le terme est souvent employé. Une forme ovale n’aurait pas la même efficacité biomécanique que le pédalier Osymetric. Il s’agit ici d’une Twincam, adaptée parfaitement au mouvement de pédalage de la jambe humaine. Le développement a été fait en se basant sur l’étude des mouvements de pédalage d’où cette forme particulière ni ovale, ni elliptique, un peu aplatie à certains endroits et quasiment ronde à d’autres.
Vers une utilisation massive dans le peloton ?
Pour le moment, ce plateau est assez peu utilisé. 7 coureurs l’utilisaient cette année dans le peloton du Tour de France dont David Millar (ci-dessus) et Chris Froome (ci-dessous), tous deux vainqueurs d’étapes, comme Bradley Wiggins, lui aussi vainqueur d’étape et du Tour. Faut-il y voir une preuve de son efficacité ?
Comme toute évolution technologique, il faudra certainement au moins la victoire de Wiggins sur le Tour, comme peut-être celle de Froome sur la Vuelta, avec la communication qui les accompagneront pour que ce matériel se répande dans le peloton, que les entraîneurs s’y intéressent et que les coureurs les testent.
Mais cela pourrait ne pas être aussi simple. Les coureurs sont la plupart du temps sous contrat avec des équipementiers qui leur donnent ce qu’ils doivent utiliser. Pas question dans ce cas-là pour eux de décider d’utiliser un plateau plutot qu’un autre. Dans le cas de grands leaders comme Wiggins, cela peut être différent en regard des enjeux liés au coureur et à sa performance.
Il faut savoir que Osymetric ne sponsorise pas les coureurs qui utilisent ses plateaux à la différence de Sram, Shimano ou Campagnolo qui payent les équipes pour qu’elles utilisent leur matériel et que leur marque soit visible. Dans le cas des utilisateurs de Osymetric dans le peloton, ils achètent eux-même leur matériel, et pour des raisons claires de concurrence, effacent la marque afin de ne pas avoir de souci avec leurs équipementiers de transmission.
A cause de cette problématique liée au sponsoring, il est probable que le déploiement de ce plateau dans le peloton ne se fasse pas aussi rapidement que le gain qu’il procure pourrait le laisser croire.
D’autres marques sur ce créneau
D’auant plus que Osymetric n’est pas le seul fabricant à se pencher sur les plateaux non ronds. Plusieurs autres marques en proposent avec plus ou moins de succès commercial, plutot sur la forme ovale ou sur le modèle de l’ellipse. On peut citer Rotor, la marque espagnole qui produit les Q-Rings ou encore Ogival dont le modèle de plateau a été primé au concours Lépine et est utilisé par Bernard Hinault.
De leur côté, les grandes marques de transmission citées au-dessus disent également étudier ce type de produit. Cependant, la courbe du pédalier Osymetric étant brevetée et étant apparemment la plus intéressante, il leur sera difficile de proposer un modèle aussi performant.
Le plateau Osymetric semble donc avoir de beaux jours devant lui et il se pourrait qu’il contribue encore à la victoire très prochainement, peut-être en commençant par Froome sur la Vuelta.
Découvrez également le test longue durée de ce plateau
Crédit Photos :
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Sum_of_Marc, flickr.com – CC
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tiar
Cela semble un peu magique mais je n’y crois pas trop.D’après moi la force qui appuie sur la pédale s’oppose aux nombre de dents enveloppées par la chaine.Donc qu’il soit « ovale » ou rond,cela ne change rien au probléme.Ce n’est en rien comparable en un changement de plateau comme certains essaient de le faire croire.Le fait d’un rayon plus court à la verticale est annulé par un rayon plus long à l’horizontale.Pour moi l’effet est nul et la force d’appui sur la pédale sera identique.(maitrise de physique)
martin
Oui et non. En fait, il y a un paramètre qu’il ne faut pas oublier et c’est probablement la source du pédalage tout en puissance et en vélocité assis sur la selle de Froome, c’est justement le rayon variable, adapté au mouvement de pédalage de l’Osymétric. Cette courbe gomme le point mort du pédalage et permet donc de maintenir une puissance constante sans devoir se mettre en danseuse.
En gros, on peut tirer gros tout le temps. Se mettre en danseuse n’augmente pas foncièrement la facilité de pédalage ou la puissance comme cela peut se faire avec un pédalier rond puisqu’il n’y a plus de point mort. On peut donc développer de fortes puissances en accélération linéaire sans fatiguer les muscles ni devoir les soulager autant qu’avec un pédalier rond.
Henri
Je suis très étonné de toute cette publicité, sur un matériel déjà ancien.
En effet, j’ai 67 ans, et une modeste carrière de coureur amateur (Fosse-Marly/CSM Persan), terminée dans les années 90.
J’utilise le plateau ovoïde depuis plus de 30 ans, et encore à l’heure actuelle (photos disponibles).
Ce plateau a été conçu par mon ami et regretté Edmond Polchlopeck, professionnel chez Margnat pendant 3 ans (1961/63), et avec qui j’ai couru en vétéran dans le 77. Il est décédé en 2004 à l’age de 70 ans.
Lorsque vous débutez avec ce plateau, vous avez l’impression que votre jambe « tombe » une fois le PMH passé, soit deux fois par tour de pédalier. Le cerveau enregistre (définitivement) l’effet, et la sensation disparait peu à peu.
Je mettais dans les bosses, une dent de moins que mes concurrents. Ce qui explique la facilité de démarrage, je disposais en outre d’un arrière court de 37 cm, avec un cadre « Turbo » de Mecacycle (42). Je reste assis plus longtemps dans les longues pentes.
Le bénéfice n’est pas dans une augmentation de la puissance, mais tout simplement dans la réduction de l’effort néccessaire à chaque PMH. Ne cherchons pas plus loin, aucun matériel n’augmentera la puissance humaine, il léconomisera l’effort seulement.
Mais de graçe, arrêtez d’accorder le bénéfice des choses à ceux qui n’ont fait que reprendre l’idée des autres, et rendons à Edmond, ce qui est à Edmond, le plateau ovale en l’occurence.
Ceci dit, il y en eut d’autre, chez Shimano par exemple, mais avec d’autres configurations.
Si les plateaux « ovoïdes » ressortent maintenant, ce n’est qu’une question de commerce comme d’habitude. A l’époque, les grandes marques comme Huret ont « bloqué » ce matériel, cest tout.
A votre disposition pour des photos de mon vélos si vous le souhaitez.
martin
Merci pour votre contribution au débat Henri. Par contre, étant scientifique de formation, je ne peux que me demander si l’Osymétric n’est pas intrinsèquement meilleur (car à forme générée par le mouvement de pédalage humain) que le Polcholpeck qui n’est « que » géométrique et donc potentiellement moins bien adapté à la jambe humaine.
Après je suis d’accord avec vous sur le côté publicitaire. L’époque et les médias actuels font que toute distinction, surtout chez les meilleurs coureurs, génère de la publicité pour le fabricant du matériel auquel on attribue le petit plus de la performance d’un coureur.
J’ai même vu une vidéo sur le site de Ogival (utilisé par Hinault) qui explique en le comparant notamment au Polcholpeck (mais pas à l’Osymétric) pourquoi c’est le meilleur…J’ai l’impression qu’après c’est aussi une question de sensations…
Henri
Je suis d’accord pour dire qu’à configurations différentes de la géométrie, les sensations seront différentes, mais je pense que le gain d’un côté ou de l’autre sera minime.
N’oublions pas que lorsque l’on passe le PMH, il faut également tirer la jambe qui est en bas, ce que faisait très bien Bernard Hinault. L’économie de fatigue pour la jambe qui descend, doit être différente de celle qui remonte après le PMB. il est plus facile d’appuyer que de tirer.. Nombre de cyclistes, d’ailleurs, n’éxécutent pas cette opération, et « piochent » en descendant, sans tirer sur la remontée de l’autre jambe.
Mais bon… Un grand champion le sera toujours même sans « ovoïde ».
Il faudrait poser la question à Froome, plutôt qu’à notre breton préféré, qui aura lui, une réponse peut-être plus dictée par l’intérêt financier que sportif…….
Mais en attendant, je contilue de surprendre dans mes sortie dominicales, lorsque je passe à côté d’un « rond »……..
En attendant, dommage que le produit de mon vieil ami soit resté relativement « confidentiel »…….
A bientôt.
cano lionel
bonjour a tous . tot le monde parle des plateaux ovale ok mais qui peux me dire par exemple quel est le developement d un 53×12 (53 dents ovale) sachant que pour un plateau classique 53×12=9.43mt ( environ) qui peux donner l equivalent en plateau ovale !!!!! merci
sportivement