Cela a fait la une des journaux avant-hier. Astana aurait eu droit à des largesses de la part des instances anti-dopage internationales, l’UCI, pendant le Tour.
Ceci est une information. Ce qui l’est moins, c’est le ramassis d’approximations et d’interprétations subjectives que la presse nous ressort depuis en parlant ouvertement de dopage, de faveurs, car dans le vélo, c’est comme avec Sarkozy en justice, les suspects sont coupables avant d’avoir été jugés !
Refaisons le point et essayons d’y voir plus clair ensemble.
Les faits
L’AFLD, agence française de lutte contre le dopage, a présenté à l’UCI et à l’AMLD, agence mondiale de lutte contre le dopage, un rapport mettant en avant des manquements lors des contrôles anti-dopage diligentés par l’UCI, la fédération internationale, lors du dernier Tour de France et plus particulièrement concernant l’équipe Astana, équipe du vainqueur du Tour Contador.
Ce rapport évoque des heures plus tardives pour l’équipe Astana que pour les autres mais aussi un grand nombre de soucis dans les procédures et la conservation des échantillons. On parle notamment de prélèvements laissés au soleil dans les voitures.
Toute une série de soucis logistiques et incombant aux médecins préleveurs mais également donc un traitement particulier pour l’équipe de Lance Armstrong et d’Alberto Contador.
L’UCI et Astana ont répondu de concert qu’elles n’avaient rien à se reprocher. Et l’UCI, déjà en froid avec l’AFLD, a contre-attaqué pour dénoncer cette façon de faire. Les programmes de prélèvement avaient en effet été préparés de concert par les deux entités, l’AFLD agissant au titre de laboratoire « local » pour l’UCI sur le sol français pendant le Tour de France.
Une affaire politique
Pourquoi cette affaire éclate-t-elle ? Concrètement, ce genre d’affaires se crée en France car les règles diffèrent entre le code national et le code international et car deux instances concurrentes se font la guerre au lieu de travailler ensemble.
Pierre Bordry et l’AFLD sont en opposition avec les méthodes de l’UCI jugée complaisante via à vis de certains coureurs et de certaines équipes, le rapport récent en fait l’écho.
Le problème dans cette histoire est que les deux parties sont certaines d’avoir raison et que personne ne se remet en question, cea joue donc en la défaveur du sport cycliste qui n’a pas besoin de cela.
Guerre AFLD / UCI
Outre les possibles manquements et les retours que fait l’AFLD à l’UCI – il conviendra d’ailleurs d’expliquer comment les médias ont eu vent de cette affaire, a priori, limitée à l’UCI et l’AFLD – il est navrant de constater comme les institutions françaises se servent des médias et du climat de suspicion ambiant pour discréditer le cyclisme et donc sa fédération.
Avec cette affaire, l’UCI risque de mettre enfin à exécution ses menaces et de passer par un laboratoire indépendant pour effectuer ses contrôles lors des courses sur sol français.
Dommage car l’AFLD fait du bon travail et son directeur, Pierre Bordry, a le courage d’aller au bout de ses idées, ce que ne semble pas faire l’UCI.
A côté de cela, la presse se complait dans ces histoires, avançant joyeusement les termes de dopage à tout bout de champ.
La presse en témoin à charge
C’est maintenant devenu un sport national. C’est à celui qui affichera à son tableau de chasse un coureur ou une équipe dans la rubrique « faits divers » de sa page sports. Alors certes il y en a.
Mais pourquoi toujours suspecter ? Pourquoi toujours douter ?
Moi qui suis spectateur assidu du sport, je suis parfois surpris par des performances sportives mais plus trop par le vélo depuis quelques temps. Par contre, je le suis par d’autres sports.
Comme vu en introduction de l’article, la presse se focalise sur le cyclisme. A peine la (non) affaire révélée qu’on parle déjà de dopage alors que, ne nous trompons pas, il ne s’agit là que d’irrégularités possibles lors de contrôles anti-dopage auxquels les coureurs se sont soumis.
Il faut bien se rendre compte alors de la probabilité. De plus, entre nous, même si les coureurs savaient à l’avance que les contrôleurs arrivaient, qu’est-ce que cela aurait changé ?
Armstrong était le premier pendant le Tour à s’amuser, sur son Twitter, du nombre des contrôles qui se produisaient presque quotidiennement. Aurait-il risqué de se faire contrôler et s’en serait-il enjoué s’il se savait en danger ou dans l’illégalité ?
De vraies affaires passées sous silence
Alors que cette affaire n’apparaît qu’être une lutte de pouvoir, une véritable affaire est pourtant apparue dernièrement, nous en avions parlé. De véritables faits ont été avancés et il s’agissait des paramètres sanguins d’Armstrong.
Cette affaire, bien plus louche que ce qui fait le fond de la polémique actuelle, n’est jamais sortie en France sur les grands médias car ces derniers n’ont pas été alertés par l’AFLD.
Il semble que les insitutions et les pouvoirs publics soient en guerre contre le dopage au point de couler tout un sport.
Mesdames Bachelot et Yade semblent en croisade contre les soi-disant dopés du Tour de France. Je me souviens de ce qu’avait lancé par presse interposée Mme Bachelot à Lance Armstrong avant le Tour. Cela résonnait en ces termes : « Attention, on vous surveille ».
Sympa comme retour en France. Alors même que le public semblait avoir oublié, les français ont la mémoire bien courte, Mme Bachelot se souvenait. We are watching you Lance !
Et pour le sport cycliste, c’étiat encore une attaque en règle qui décrédibilisait les coureurs et la pratique alors que l’événement était magnifique.
Le boss et son lobby indésirables ?
Face à ce climat de suspicion ambiante, semble donc s’organiser une chasse aux sorcières dans le vélo sur le Tour de France dont le protagoniste le plus connu, jouant le rôle d’épouvantail dans les champs du marketing, de l’engagement caritatif et des médias est Armstrong.
Tout le monde veut le faire tomber, sans avoir peur apparemment de couler le cyclisme dans son ensemble, avec lui, ce dernier semblant tirer les ficelles de tout le peloton et de toute l’industrie.
Son retour sur le Tour n’a pas fait que des heureux, on le savait. La course a de nouveau été cadenassée, les échappées brisées et les espoirs
Bien dommage.
L’année prochaine sera surement encore pire que 2009. Son équipe Radioshack va être entièrement dévouée, très forte et sans leadership bipolaire comme cette année.
Alors face à Armstrong et à son lobby apparemment très puissant, face aux affaires, aux magouilles et au dopage, l’UCI ne protègerait-elle pas ses intérêts en fermant les yeux sur certains faits ?
L’UCI ne ferait-elle pas tout pour combattre le dopage ?
C’est un peu ce qu’on peut se demander quand on lit les derniers articles de presse. Dernier en date, celui de l’équipe qui relate des découvertes surprenantes dans les poubelles de certaines équipes pendant le Tour de France. L’UCI était au courant et n’a rien fait. Idem pour l’affaire Armstrong révélée plus haut.
Pourquoi ne rien faire ou même ne rien tenter de faire face à de telles soupçons et de telles preuves ?
L’UCI a-t-elle peur de tuer le cyclisme ?
On dirait plutôt qu’elle a peur de tuer le business ! Si on revient sur le cas Armstrong, son retour est une bénédiction pour les organisateurs et la fédération.
Alors, pour faire prospérer le sport, pourquoi ne pas aider un peu certaines personnes ?
Cependant, à l’heure où certaines équipes cherchent des sponsors pour fin 2010, on pense à Cofidis ou Bouygues Telecom, il serait temps de tout faire pour lutter contre le dopage.
Le ménage a commencé. Il faut le terminer et ne pas s’arrêter pour laisser planer continuellement la suspicion sur ce beau sport.
Le vélo n’est pas le foot et ne peut fermer les yeux plus longtemps. Il faut aller au bout des choses.
Il convient donc se saluer l’AFLD et Pierre Bordry dans leur quête de vérité et fustiger el comportement laxiste et permissif de l’UCI dont l’attitude en fait que renforcer les doutes sur son impartialité.
Pour que le vélo reste ce si beau sport, que les instances se bougent et s’accordent…Enfin !
Mart1
Oui, le vélo n’est pas le foot. Dans le foot (comme dans bien d’autres sports), les affaires de dopages sont soigneusement enterrées et on oublie bien vite ce qu’allait faire Zidane en Suisse…
Mais que l’UCI ne se tire pas une balle dans le pieds, c’est après tout normal (idem pour ASO qui aimerait développer la marque Tour de France aux US).
Et c’est également le cas dans les autres sports : les fédérations défendent leur business.
Pour être réellement efficace, la responsabilité de la lutte anti-dopage doit être confiée à des instance indépendantes. Et c’est aux Etats de légiférer dans ce sens.
Idéalement, il faudrait en plus une harmonisation entre pays. Y’a vraiment du boulot, et c’est à R.Bachelot et R.Yade de s’y coller