Sur la fameuse étape de Compiègne, après la découverte de la régulation de la caravane et de la fin d’étape à la vitesse d’un homme à pied, j’ai mis en pratique la découverte que j’avais faite un peu plus tôt, c’est à dire à quel point il était difficile de communiquer avec quelqu’un en train de faire autre chose, dans le bruit, en regardant cette personne, qui ne vous voit pas, dans le rétroviseur, en roulant sur l’étape. Tout un programme !
Alors dans ces conditions, pour communiquer, il faut improviser un langage du corps, des mains, du regard, nous l’avions déjà vu auparavant. Cela étant dit, pour en venir à la mise en pratique, il me faut encore ajouter une hypothèse au problème…
A l’arrière de chacun des 4 véhicules de la caravane RMC flottaient dans le vent de magnifiques drapeaux à l’effigie de la marque. Lors du départ de Paris, nous sommes arrivés pour prendre les clés, les drapeaux étaient en place. La première réaction fut le « Waaaa ! C’est super beau, ça rend vachement bien ! ». Puis, il s’est mis à pleuvoir. « Vite, vite on enlève tout, de toutes façons, pour rouler jusque Calais ce sera plus pratique ». « ça veut pas s’enlever, les tiges sont bloquées ! J’ai les mains qui glissent sur les tiges en fibre de verre… » Et d’un coup d’un seul, le Waaaa d’admiration s’est transformé en « Waaa…aïe mes mains ! ». Psychologiquement, le drapeau venait de perdre cruellement de sa superbe. L’étendard était tombé ! L’admiration du départ était en berne ! L’oriflamme s’était éteinte ! (Je pense que j’ai fait le tour de toutes les vannes pourries et imaginables avec le mot drapeau…)
Voilà, nous avions fait connaissance avec les jolis drapeaux qu’il fallait mettre d’une certaine manière pour que la marque soit vue des 2 côtés de la route et de façon lisible, une belle prise de tête tous les matins. Il fallait toujours faire attention à ne pas inverser nos drapeaux qu’on démontait entièrement tous les soirs : mâts téléscopiques en carbone, embouts en plastique, tige en fibre de verre et enfin drapeau et mousqueton pour fixer le drapeau au mât après l’avoir enfilé sur la tige flexible. Mais tous ces détails nous allions les découvrir petit à petit pendant le Tour au fur et à mesure des démâtages, des affaissementsde mâts.
Au niveau des drapeaux, la tige flexible à insérer dans un plot en plastique à clipser dans l’adaptateur sur les mâts en carbone avait toujours tendance à se désolidariser de l’ensemble, provoquant une mise en berne du drapeau non désirée, dangereuse quand le drapeau sortait du véhicule et bien entendu disgracieuse au possible. Il fallait donc dans ce cas-là soit s’arrêter, enlever le drapeau et le remettre ou si on ne pouvait s’arrêter simplement retirer le mât, le coucher dans la benne et finir l’étape comme ça. Cependant, comme ce genre de soucis arrivait de plus en plus fréquemment, nous avons renforcé les attaches avec du gros scotch sauf qu’à force de prendre du jeu, même avec ce genre de scotch, le drapeau finissait toujours par bouger. Il fallait donc de nouveau s’arrêter, passer un temps fou à enlever le gros scotch de la tige en fibre de carbone et repartir après avoir tout remis. Petit à petit, je pense que chaque chauffeur a trouvé sa technique de fixation adhésive pour ne plus devoir s’arrêter pendant les étapes.
Néanmoins, lorsque survenait un soucis « réparable » par l’hôtesse, sans besoin de s’arrêter, il fallait le lui faire savoir. D’où le fameux besoin de communiquer avec les mains, le corps etc. (enfin on y arrive vous devez vous dire 😉 ). Première fois que nous avons rencontré le problème, j’ai eu un peu de mal à expliquer à mon hôtesse ce qu’il se passait, les drapeaux étant derrière elle. J’y ai donc mis tout mon cœur pour tenter de me faire comprendre. Ce fut donc une sorte de mime grandeur nature dans le rétro à 50-60km/h. Pour définir le drapeau, j’ai donc dessiné dans le vide un rectangle et puis ai effectué quelques vaguelettes avec ma main droite en forme de drapeau flottant au vent pour signifier drapeau. Bref, ça n’a pas marché. J’ai ensuite articulé de façon extrème pour qu’elle lise sur mes lèvres ce que je disais. Peine perdue ! Finalement, le message a été passé par une autre voiture.
Le soir, au repas, j’ai du rejouer la scène plusieurs fois tant tout le monde se moquait de moi 😀 et était fier de le faire et là, une hôtesse a trouvé le moyen infaillible de faire comprendre le problème en nous mimant le mât.
Je décris : la main comme entourant un tube, faire des va et viens de bas en haut puis de haut en bas avec l’avant bras… Voilà le mât !! Eclats de rire vous l’imaginez bien. N’empêche que ce « mime » est devenu le mot mât sur le Tour ! Plus jamais à partir de ce soir-là nous n’avons eu de mal à expliquer qu’on démâtait, ce simple geste suggestif suffisait et provoquait désormais un grand sourire.
ThoVer
Et là le problème était sans doute de ne pas pouvoir « communiquer » de cette façon devant du public, non ?!
Martin
Non de ce côté-là ça allait car il suffisait de quelques secondes et bien souvent les gens ne regardent pas le chauffeur ni l’intérieur du véhicule mais uniquement derrière, l’hôtesse et les cadeaux qu’elle donne…C’est même des fois un peu frustrant pour le chauffeur quand il dit bonjour à tout va mais que personne ne répond ! :S