On a appris hier soir le contrôle positif de Frank Schleck à une substance interdite, un diurétique, le Xipamide, lors d’un controle anti-dopage réalisé à l’arrivée de l’étape 13, au Cap d’Agde.
L’UCI a immédiatement notifié le coureur et son équipe, Radioshack NIssan Trek, de ce contrôle, précisant que cette substance n’étant pas à proprement parlé une substance dopante et que donc elle ne pouvait lui interdire de prendre le départ du Tour ce matin. Néanmoins, elle conseillait au coureur de prendre les dispositions adéquates dans le but de la préparation de sa défense, sous-entendu, de se retirer pour laisser la course reprendre tranquillement.
Le diurétique, substance non dopante mais interdite
Le produit auquel Frank Schleck a été contrôlé positif est un diurétique, un produit qui stimule le fonctionnement des reins et la sécrétion d’urine. Habituellement utilisés dans le traitement de l’hypertension artérielle ou de l’insuffisance cardiaque, les diurétiques peuvent également servir à faciliter l’élimination des substances dopantes. C’est d’ailleurs à ce titre que les diurétiques sont interdits dans le cyclisme comme dans beaucoup d’autres sports d’ailleurs.
La substance n’est donc pas une substance dopante, qui améliore les performances, comme le sont par exemple les stéroïdes ou l’EPO par exemple mais au titre de produit masquant, c’est à dire pouvant servir à éliminer plus vite un produit dopant, elle est interdite.
F. Schleck demande l’analyse de l’échantillon B
Immédiatement après voir été notifié de son contrôle positif et avant l’arrivée des forces de police venues l’interroger à son hôtel, le coureur luxembourgeois est allé de lui-même rencontrer les enquêteurs afin de leur répondre et de s’expliquer, ne comprenant pas d’où venait ce contrôle. Il s’est donc rendu au poste de police de Pau hier soir, après le dîner.
Comme lors du contrôle positif au clenbutérol d’Alberto Contador en 2010, Frank Schleck plaide l’empoisonnement et va demander l’analyse de l’échantillon B, ce qu’il a le droit de faire dans les 4 jours après la notification de son contrôle positif. Si cet échantillon B se révèle positif également, il portera plainte contre X pour empoisonnement.
Un empoisonnement possible ?
Sûr de lui, pour le salut du sport cycliste on ne demande d’ailleurs qu’à le croire, Frank Schleck plaide donc un empoisonnement. Cela paraît un peu étonnant mais l’est-ce autant que cela ? Etudions les possibilités de contamination ou d’empoisonnement possibles.
Aujourd’hui, les coureurs surveillent énormément ce qu’ils mangent et les produits énergétiques qu’ils prennent pendant la course et en dehors. Tout est analysé, étudié et des médecins et diététiciens produisent des plans nutritionnels propres à chaque coureur. La possibilité que cette contamination, si on exclut la prise volontaire, ait eu lieu ne peut logiquement donc venir que d’un dépôt volontaire de la substance dans l’alimentation ou la boisson du coureur à moins qu’une poudre énergétique n’ait contenu cette subtance.
Un contrôle qui ajoute encore au chaos de l’équipe
L’équipe Radioshack Nissan Trek est en proie depuis quelques semaines à des conflits internes et à des défauts de paiements de salaires, les frères Schleck ayant d’ailleurs déposé plainte contre Leopard SA, la structure mère de l’équipe. En parallèle de ce souci, on sait que l’entente n’a jamais été bonne entre notamment Johan Bruyneel et les frères Schleck. En dehors de tout souci de contrôle positif, on imaginait mal comment cette équipe pourrait continuer d’exister en 2013 en l’état. Ce contrôle arrive donc dans ce contexte où, les frères Schleck, pierres angulaires de l’équipe et en difficulté, Andy étant blessé et Frank en méforme, n’ont quasiment eu aucun résultat lors de cette saison.
Ce contrôle arrive donc à un très mauvais moment pour les Schleck, certains pourraient même y voir un « complot » visant à les éloigner de l’équipe mais nous ne donnons bien évidemment pas de crédit à ce type de thèses pour le moment. L’enquête dira s’il faut les étudier.
Une boisson contaminée ?
Autre possibilité donnant du crédit à un empoisonnement, la consommation de boisson donnée par un spectateur malveillant. L’épisode des clous sur la chaussée montre à quel point la bêtise humaine peut atteindre des sommets. Même si les coureurs font normalement attention à ce qu’ils boivent, n’acceptant que rarement les bouteilles tendues par les spectateurs, Schleck aurait-il consommé une boisson dont il n’aurait pas connue la provenance, tendue par un spectateur par exemple ? Une simple gorgée aurait pu suffire.
Quelle suite pour Frank Schleck ?
Lors du Tour de France 2011, le russe Aleksandr Kolobnev avait été contrôlé positif également à un produit diurétique et avait été suspendu par son équipe mais sa fédération ne lui avait donné qu’un avertissement et une amende…pas sûr néanmoins que la fédération luxembourgeoise se montre aussi clémente.
Même si Frank Schleck nie tout dopage, il risque une suspension de 2 ans, comme celle que Contador a eue par exemple, un retrait de ses victoires et une forte amende financière, sans compter un possible licenciement.
Attendons donc la suite de l’enquête et espérons que le vélo ne souffrira pas trop, encore une fois, de tout cela !