Partie 30 : Marseille ou les limites de Mappy

Posté le 21/02/2008 à 15 h 00 min par dans Récit Caravane, Tour de France

La découverte de Marseille s’est poursuivie après l’étape malheureusement…

En effet, ce soir-là, les chefs caravane avaient réunion caravane. Il y a 3 ou 4 réunions caravane pendant le Tour. C’est l’occasion pour les responsables ASO de la caravane de rappeler les consignes si des problèmes ont été signalés sur les étapes depuis la dernière réunion mais c’est aussi surtout le moment de présenter les procédures d’évacuation des étapes de montagne, les déviations éventuelles pour certains véhicules.
Ce soir-là à Marseille, pas de chef caravane. Pas grave en soi surtout que l’hôtel du jour était dans Marseille et, à en croire le plan Mappy du road-book, pas loin du tout.

Contrairement aux autres jours, pas de GPS, tous les GPS étant propriété des chefs caravane. Je suis désigné par mes confrères de chez Maracoudja comme pilote de tête pour la traversée de Marseille. La bonne aubaine. Voilà donc la file de véhicules de Maracoudja, à peu près douze véhicules dont un char et deux choppers qui s’engouffre dans la circulation de centre-ville de Marseille qui n’avait pas besoin de nous en plus pour être déjà bien bondé !


Dès le départ, notre procession est née dans la douleur. En effet, avec de nombreux feux, nous avons été séparés et dans la circulation, pas question de bloquer le trafic ou de passer au rouge comme sur les étapes. Je tentais de réguler la circulation histoire de ne pas perdre tout le monde tout en suivant les instructions de ma copilote qui lisait le road-book Mappy. Tout allait plutôt bien jusqu’à la direction du périphérique limité en hauteur ! Avec le char dans la file de véhicules, hors de question de prendre de risque ni de le laisser seul en ville, nous avons donc voyagé au feeling dans Marseille jusqu’à retrouver notre route sous le périphérique en suivant notre instinct.

A force d’éviter les ponts, les tunnels, nous sommes arrivés sur une sortie d’autoroute qui devait nous mener droit à notre hôtel. Sauf que la route indiquée était tellement étroite que nous ne l’avons pas vue dans un premier temps. Impossible de voir cette rue indiquée sur le plan Mappy ni d’ailleurs de voir par où rentrer à l’hôtel ! Nous avons donc visité les petites rues étroites, fait demi-tour là où personne ne penserait à le faire. Alors que j’essayais de me repérer simplement par mon seul sens de l’orientation, après 2 demi-tours. Un des véhicules qui me suivait est arrivé à ma hauteur et l’hôtesse conduisant m’a réellement insulté.

Je n’ai pas trop compris ce qu’elle me disait simplement j’ai réalisé qu’elle n’était pas contente et que visiblement, elle avait les nerfs qui lâchaient, sa
voisine que je connaissais bien de l’année dernière me regardant l’air désolé sans trop savoir quoi dire. J’ai essayé comme j’ai pu de défendre mes choix de route dans une grande ville où je n’avais jamais mis les pieds et lui ai dit que je pensais voir par où il fallait rentrer à l’hôtel, c’est là que le bluff entre en jeu… Jamais dans une négociation l’autre personne ne doit croire que vous êtes perdus. 😉

Bon, déjà il y avait ça à gérer. Je venais de dire que je voyais par où arriver, c’est qu’il s’agissait d’y aller maintenant. De toutes façons, si je me plantais, qu’aurais-je eu à me reprocher, personne ne savait mieux que moi où aller. Mais je comprends cette réaction. Il est vrai que ce n’est jamais facile de passer 1h dans les rues d’une ville alors que le road-book indique 15 minutes de trajet mais il y avait aussi les réactions quasi maternelles de trois hôtesses que j’avais en passagères qui, de façon très énergique et impulsive, ont pris ma défense. « Mais qu’est-ce qu’elle a cette conne ?!! » etc.

Sur le coup ça m’a fait rire car ce genre de choses arrive souvent sur le Tour. Les nerfs qui lâchent, des mots qu’on ne veut pas dire mais qui avec l’énervement et la fatigue sortent. C’est pour ça aussi que j’aime le tour. Il permet de voir de quoi on est fait. Certaines personnes ne changent pas sur le Tour et restent fidèles à elles-mêmes, d’autres craquent, d’autres prennent la grosse tête.
Là, nous venions d’assister là un gros craquage et c’était génial. Du moins, j’étais le seul à le voir comme ça.

Finalement, après ce petit détour, nous sommes revenus là où nous avions manqué la minuscule allée la première fois et avons tourné. Cette ruelle était en double sens et pourtant il me semblait que même seuls, nous n’arriverions pas à passer. Finalement, tout le monde passa après que deux de mes hôtesses aient aidé un jeune homme en panne avec sa moto en plein milieu de la ruelle étroite, nous bloquant de ce fait le passage, à la déplacer. Et finalement, nous sommes enfin arrivés à l’hôtel situé juste en face d’appartements et d’habitations populaires.

Ce qui me fit plaisir en arrivant fut de découvrir qu’il y avait une autre entrée à l’hôtel bien plus facile d’accès de l’autre côté. Le genre de découvertes qui fait toujours plaisir après avoir galéré comme cela avait été notre cas…

A propos de

Tombé dans le vélo à l'adolescence, je n'ai cessé de rouler depuis en essayant de constamment suivre l'actualité du monde cycliste. Je vis le vélo comme une passion, un sport et un mode de vie, chaque coup de pédale après l'autre.

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