La dernière véritable étape en ligne nous réserva encore bien des aventures. Une sorte de condensé de tout ce qu’on peut trouver sur le Tour. Une belle frayeur, des rencontres, des fans de la radio, des paysages magnifiques.
Cette étape se passa parfaitement bien jusqu’à plus du milieu de l’étape quand à la radio, l’un des chauffeurs annonça que l’hôtesse dans son véhicule venait d’être piquée par un insecte volant. Rien d’anormal jusque là, cela se passe régulièrement sur la caravane. Moi-même l’année dernière, j’avais eu droit à une piqure d’insecte qui avait pas mal fait gonfler mon bras et m’avait provoqué des douleurs lancinantes dans le bras pendant plusieurs jours. Tout ça pour dire que cela arrive et que cela doit être avec les coups de fatigue la raison numéro 1 des interventions de l’assistance médicale sur le Tour.
Sur ce coup-là, l’hôtesse avait l’air préoccupée et avait insisté sur la douleur ressentie, la taille imposante de l’insecte rayé jaune et noir et le fait que son bras s’était mis très rapidement à grossir. Cela jeta un froid. Le chef caravane s’arrêta pour constater et porter assistance à l’hôtesse après avoir appelé l’assistance médicale qui arriva rapidement.
Je pris de ce fait la tête de la demi-caravane, notre caravane étant alors amputée de 2 véhicules. Le temps sembla long avec ces véhicules arrêtés sur le bord de la route mais surtout avec l’incertitude sur l’état de santé de notre hôtesse et amie. Quelqu’un arriva à la joindre sur son portable et sut que la bête qui l’avait piquée était un frelon. J’avais déjà entendu à la télévision à quel point ce genre de bestiole pouvait être dangereux, j’ai vraiment eu peur pour elle sur le coup.
Au téléphone, elle avait l’air rassurante paraît-il, ce n’est pas moi qui l’ai eu mais on la sentait sonnée et un peu angoissée. Elle a tout de même tenu à finir l’étape dans la benne à distribuer les porte voix et les paquets de bonbons comme si de rien n’était. C’était une dure au mal, nous avions déjà eu l’occasion de nous en rendre compte pendant les trois semaines. Elle ne faisait que confirmer.
Une fois le convoi enfin réuni, il ne restait plus beaucoup de kilomètres et nous étions au pas comme à chaque fin d’étape.
Cette faible vitesse nous a permis de discuter avec des spectateurs fans de la radio. Plus nous avancions dans le Tour, plus nous avions l’impression d’avoir des fans. J’ai pu discuter avec des auditeurs fidèles de la radio et accuser réception des compliments qu’ils avaient à faire sur leur radio préférée. Très agréable de sentir son ‘’employeur’’ tant apprécié.
Plus loin, deux hommes nous ont offert un petit verre de rosé artisanal. Un bon vin de terroir. Il était délicieux. Il nous restait moins de 5km à couvrir et nous avions la remise des prix du prix caravane juste après ce qui me poussa à accepter la dégustation. Je savais que je ne pourrais être positif. Quelques autres personnes dans la caravane se sont vues offrir un échantillon de ce bon vin à déguster.
Les deux hommes offrant le vin donnaient l’impression d’avoir trop goûté à leur breuvage ou d’être restés trop longtemps au soleil. Je penche pour la première solution… En me donnant le gobelet, ils m’ont lancé quelques paroles assez confusément : « Elle est où Brigitte ?… » « Brigitte ! Tu lui diras bien boujour ! »
Cela m’a bien fait rire.
Après cet épisode mémorable, l’arrivée vint rapidement à nous. On se gara très proche de l’arrivée un peu ‘à l’arrache’ sur un terre plein, entourés de bus d’équipes et de véhicules de caravane. Nous avions prévu de rester plus tard pour aller rendre visite au personnel de RMC en zone technique. Il ne fallait pas qu’on bloque ou qu’on soit trop isolés pour se faire abîmer les véhicules. Nous avions décidé de nous rapprocher le plus possible de la zone d’arrivée.
Au moment de démâter, de ranger la benne, l’hôtesse qui avait été piquée se sentit mal et fit un semblant de malaise. Je me suis précipité vers l’arrivée pour que soit prévenue l’assistance médicale. Elle vint rapidement, le temps pour le ‘médecin’ de se servir à boire au bar Aquarel de la zone d’arrivée. Heureusement, j’avais croisé, en allant chercher de l’aide, un caravanier que je connais depuis mon premier Tour de France. Il fait des études de médecine. Cela tombait particulièrement bien. Il arriva en quelques secondes et rassura l’hôtesse.
Après cet épisode médical et une fois rassurés, étant à côté des bus des équipes, avec quelques caravaniers, je suis allé demander des bidons aux bus des coureurs. Les chauffeurs de bus, soigneurs, kinés ou autres présents dans les bus sont généralement des personnes très gentilles et attentives aux demandes des personnes passionnées.
En anglais, en simili d’espagnol ou d’allemand et en français, j’ai demandé et ai pu récupérer cinq ou six gourdes. J’étais assez fier. C’était une belle moisson.
Pratiquant le vélo, je trouve pratique et joli d’avoir des gourdes de toutes les couleurs et de toutes les marques pour transporter sa boisson pendant les sorties. Cela change des bidons blancs ou translucides vendus dans les supermarchés du sport.
Aussi, même sur une armoire, les bidons deviennent décoratifs et cela reste un souvenir empli de belles images.
Par exemple, j’ai pu récupérer un bidon de l’équipe Discovery Channel, celle du vainqueur du Tour, Alberto Contador et également ancienne équipe de l’américain Lance Armstrong. En roulant avec une gourde comme celle-là, on se sent pousser des ailes…
Nico
Ils sont forts ces charlatans!!