Fabian Cancellara a remporté aujourd’hui le Tour des Flandres (de Ronde van Vlaanderen, en flamand), le monument du cyclisme belge et mondial.
Après avoir déjà remporté deux autres monuments, Paris-Roubaix, en 2006 et Milan-San Remo en 2008, il gagne aujourd’hui la classique flandrienne, sa troisième grande classique, en solitaire, après avoir surclassé tous ses adversaires et notamment le belge Tom Boonen avec qui il s’était échappé à 45km de l’arrivée.
Une météo finalement pas si horrible qu’attendue
On craignait des conditions dantesques, finalement, la météo a été relativement clémente sur les routes du Ronde. Partis sous la grisaille et ayant subi quelques gouttes de pluie au départ, les coureurs ont rapidement retrouvé un temps sec mais terriblement venteux.
Partis seuls après une superbe attaque dans le Molenberg à 45km de l’arrivée, Boonen (Quickstep) et Cancellara (Saxo Bank) ont ensuite fait honneur à leurs maillots de champions nationaux dans la fin de course, résistants au retour d’un groupe de trois composé de David Millar (Garmin), Bjorn Leukemans (Vacansoleil) et Philippe Gilbert (Omega Pharma).
Cancellara a bénéficié du très gros travail de son équipe avec notamment Breschel, éliminé de la course à la suite de 2 incompréhensibles changements de vélo (?), Cooke, O’Grady et Voigt.
L’équipe Sky qu’on avait également beaucoup vu en début de course, verrouillant le peloton, a manqué de réussite et de jus dans les moments décisifs de la course et n’a pu emmener son leader, Juan Antonio Flecha vers la victoire.
Le Mur de Gramont, moment décisif
La sélection entre les deux prétendants à la victoire, tous deux partis avec la pancarte de favoris dans le dos depuis leurs très belles performances de la semaine dernière dans le grand prix de l’E3 à Harelbecke, (Cancellara, 1er et Boonen, 2ème), s’est faite très naturellement dans le Mur de Gramont, terrible avant dernière difficulté de la journée. A 350m du haut de la difficulté, le suisse a produit son effort, assis sur la selle, tout en puissance et a creusé rapidement un écart conséquent sur Boonen, en danseuse et bien moins puissant.
Jamais personne n’avait été vu montant aussi vite cette difficulté assis sur la selle. C’est vraiment incroyable ce que le suise a réussi à faire. Il prouve là qu’il est bien le meilleur rouleur du monde à l’heure actuelle, c’est indiscutable.
En haut, 20 secondes séparaient alors les deux hommes. Le champion du monde de contre-la-montre a alors fait augmenter l’écart jusqu’à le porter à plus d’une minute, cela en moins de 15km ! Impressionnant en sachant que Boonen a déclaré à l’arrivée qu’il roulait à ce moment-là à 55km/h.
L’arrivée
Cancellara a pu prendre son temps, se congratulant avec son directeur sportif dans la voiture, Bjarn Riis, sortant un ange de sa poche, le montrant tout sourire à la caméra, pour fêter Pâques et saisissant enfin un drapeau suisse à 200m de la ligne qu’il a franchi quasiment à l’arrêt, soulagé et lui-même sûrement très ému d’ajouter ce troisième monument du cyclisme à son palmarès déjà immense.
Boonen et Gilbert complètent le podium devant Leukemans et Farrar réglant le peloton au sprint.
Les 10 premiers au classement
1 Fabian Cancellara (Swi) Team Saxo Bank 6:25:56
2 Tom Boonen (Bel) Quick Step 0:01:15
3 Philippe Gilbert (Bel) Omega Pharma-Lotto 0:02:11
4 Bjorn Leukemans (Bel) Vacansoleil Pro Cycling Team 0:02:15
5 Tyler Farrar (USA) Garmin – Transitions 0:02:35
6 George Hincapie (USA) BMC Racing Team
7 Roger Hammond (GBr) Cervelo Test Team
8 Maxim Iglinsky (Kaz) Astana
9 Danilo Hondo (Ger) Lampre-Farnese Vini
10 William Bonnet (Fra) Bbox Bouygues Telecom
Autres analyses
A noter la belle tenue de Lance Arsmtrong qui finit dans le premier peloton et qui a même été vu régulièrement à l’avant de la course, bouchant des trous et revenant sur des fuyards. Indéniablement le meilleur coureur de Radioshack ce jour. Un beau message envoyé à ses futurs concurrents sur le Tour, les routes de la grande boucle empruntant cette année quelques secteurs pavés dans le Nord.
A 39 ans, le texan a encore clairement sa place dans le peloton quand on voit sa résistance dans cette course très dure aujourd’hui sur laquelle il ne venait que pour rouler un peu et s’habituer aux pavés.
Une question se pose également sur la stratégie de l’équipe Saxo Bank qui a fait changer de vélo ses deux leaders, Cancellara et Breschel juste avant le Mollenberg. Pour Cancellara, cela s’est fait sans trop de difficulté et il a pu repartir rapidement, pour Breschel, cela a ruiné sa course et il a fini très loin à cause de cela.
Plusieurs questions se posent alors. Pourquoi un changement de vélo et pourquoi à ce moment-là ?
Utilisaient-ils des prototypes ou des pièces trop fragiles et qui commençaient à montrer des signes de faiblesse ? Cela était-il prévu ?
On scrutera les réponses de l’équipe Saxo Bank (j’ai posé la question à Specialized sur Twitter) car même si Cancellara a gagné et l’a mérité, Breschel semblait également très fort.
Rendez-vous à Roubaix dans une semaine
En totale confiance après sa victoire, est-ce que Cancellara va doubler la semaine prochaine sur Paris-Roubaix ? Boonen prendra-t-il sa revanche comme il l’a annoncé aux micros des télés belges ce soir ?
Et du côté de chez Sky et de chez Cervelo, que va-t-il se passer ?
Toutes ces interrogations nous promettent une course magnifique la semaine prochaine dans l’Enfer du Nord.
Photo : Cancellara lors de Paris-Roubaix 2009 – portailduvelo.fr