Samedi, j’ai regardé l’étape de Paris-Nice qui arrivait à Sophia-Antipolis. Comme beaucoup de spectateurs je pense, j’ai été effrayé par les descentes humides et tendu à chaque virage de voir les coureurs glisser et se démener pour rester debout sur leurs deux roues, Rémy Di Grégorio, vainqueur glissant jusqu’au bout ou Xavier Tondo tombant sur la ligne.
Comme lors la catastrophique étape de Spa sur le Tour 2010, je n’ai pas pu m’empêcher de me poser des questions sur l’équipement des coureurs et sur les risques que celui-ci leur faisait prendre.
En effet, j’ai vu énormément de vélos équipés de jantes hautes et profilées sur cette étape. Ces roues sont parfaites pour les étapes de plat, très roulantes car elles fendent mieux le vent et ont une inertie importante en plus d’un très bon rendement du terrain et des efforts. Cependant, avec la pluie, le freinage peut se révélver périlleux, les patins en liège n’adhérant plus très bien sur la jante en carbone certaines fois.
De plus, à voir la tenue de route précaire des coureurs, il m’a semblé évident que certains avaient gonflé bien trop fort leurs pneus avant le départ de l’étape. Une nouvelle fois, gonfler fort par beau temps et sur un terrain sec et roulant, je peux comprendre mais pourquoi gonfler si fort ou même normalement sur terrain sinueux et aussi piégeux.
L’association de jantes hautes en carbone et de pneus gonflés très fort donne un vélo d’une nervosité excellente mais bien trop importante sur ce genre d’étape ou la stabilité et l’adhérence sur la route devraient être recherchées.
Si j’étais coureur, je ferais attention à cela et ne partirais pas avec des jantes aéro sur une étape montagneuse mais avec des jantes alu ou carbone plates et traditionnelles, cela me semble évident, vérifiant déjà la pression de mes pneus selon le temps qu’il fait lorsque je roule.
Alors, que penser ? Inconscience des coureurs qui veulent le rendement à tout pris, au point de se mettre en danger aux-mêmes et de chuter ?
Manque de professionnaliseme du staff technique qui n’aurait pas reconnu l’étape ou pas fait attention à la météo lors du choix du matériel ?
Ou alors contraintes esthétiques ou contractuelles avec les sponsors, les jantes hautes permettant d’inscrire la marque de la roue et donc du sponsor ?
Je ne sais pas mais je me pose de réelles questions car quand on voit la galère et les chutes sur l’étape de samedi, on ne peut s’empêcher de croire qu’à défaut des roues des vélos du peloton, quelque chose ne tourne pas rond là-dedans..
Qu’en dites-vous ?
Stéphane
La question que je me pose ; les coureurs ont-ils vraiment l’oeil sur leur matos ? Ne laissent-ils pas totale liberté aux mécanos ?
ou alors la course au poids et au rendement prime versus le fait de tenir debout et de gagner en adhérence sur ce genre de parcours et sous cette météo.
Martin
Si les coureurs laissent totale liberté aux mécanos, on peut alors comprendre l’avantage que pouvait avoir un coureur comme Armstrong sur les autres, lui qui vérifiait presque lui même avec un mètre ses côtes avant de prendre son vélo le matin.
Je vais tenter d’en savoir plus…
ThoVer
Comme tu me le demandais sur Twitter Martin, je vais essayer de répondre aux questions que tu te poses.
Je pense que le gonflement des pneus a effectivement pu jouer, non pas par choix imprudent mais parce qu’en début d’étape il n’y avait pas de pluie mais seulement du vent. Certes, il aurait suffit de regarder le bulletin météo pour savoir que ça allait changer mais ce n’est pas forcément évident d’adapter le gonflement de ses pneus à ça dès le départ de l’étape. Certains coureurs se sont donc arrêté brièvement sur le circuit autour de Biot pour dégonfler légèrement leurs pneus.
En ce qui concerne les jantes je n’y crois pas vraiment car tu peux quand même anticipé les choses …
Pour avoir été sur place, je peux simplement dire que la route était vraiment très glissante et qu’il n’y avait donc rien à faire (impressionnant d’ailleurs de voir Xavier Tondo chuter devant moi !). Même moi à pied j’ai failli glisser en parcourant les 1,2 km qui séparaient la ligne d’arrivée de la salle de presse (quelle connerie aussi ça !).
Non, je dirais que simplement avant le départ, ASO aurait dû prendre la décision avec les commissaires UCI et FFC présents sur la course de raccourcir l’étape en supprimant un voire les deux tours de circuit autour de Biot car cette situation était tout à fait prévisible. Puis, arriver à la tombée de nuit dans une zone d’activité, c’est pas le top non plus quand même !
Heureusement Rémy Di Grégorio était très content de sa victoire, à un point qu’il a presque voulu rester fêter ça avec nous dans la salle de presse … seulement il n’y avait pas de champagne ;-).
Pour répondre à Stéphane : un coureur a toute la liberté de son choix de matériel dans la limite de ce qui est proposé par (les sponsors de) son équipe. Certains en profitent pour demander du matériel complètement adapté à leurs souhaits et à leurs besoins particuliers en fonction du parcours et des conditions météorologiques et autres alors que d’autres ne se posent effectivement pas la question et laissent leur mécano proposer le matériel qui selon lui est le plus adapté. C’est une connerie d’un côté parce qu’ils ne profitent pas de la possibilité de choisir mais en même temps ça ne l’est pas tant que ça parce que les mécanos savent quand même aussi ce qu’ils font et prennent les décisions adaptées en fonction des infos disponibles au sujet de l’étape dans le livre de route fourni par l’organisateur.
Martin
Merci Thomas pour ce commentaire très intéressant et permettant d’y voir plus clair sur tout ça
Stéphane
Merci Thomas pour tes précisions, très intéressantes.