On l’a appris avec grande surprise il y a plusieurs jours, Jeannie Longo est accusée de non respect des règles de localisation dans le cadre de la lutte anti-dopage et risque même une suspension.
Vous l’avez également probablement suivi, son mari et entraîneur, Patrice Ciprelli est aussi suspecté d’achat de produits dopants… Quelques jours après l’apparition de l’affaire Jeannie Longo dans la presse, on a en effet appris que Patrice Ciprelli aurait acheté illégalement de l’EPO chinoise.
Essayons donc de comprendre tout cela en reprenant les faits dans l’ordre chronologique de leur apparition dans les médias et ainsi voir si un lien peut exister entre ces deux affaires qui jettent une nouvelle fois le discrédit sur le vélo en plus de salir l’image de l’une des sportives préférées des français.
Que s’est-il passé ? Comment tout cela est-il arrivé ?
Jeannie Longo en quelques mots
Tout d’abord, même si vous le savez probablement, rappelons qui est Jeannie Longo. Cette française, âgée de 52 ans, a été championne de France sur route pour la première fois en 1979. Depuis, la sportive préférée des français (selon le sondage d’août 2011 réalisé par le journal L’Equipe) a remporté 59 titres nationaux ainsi que 13 titres de championne du monde.
Elle a eu une carrière exemplaire et très impressionnante de longévité puisque ces dernières années, en plus de gagner, elle bat des concurrentes qui pourraient être ses filles !
Pourtant, cette coureuse qui présente donc une expérience incontestable est aujourd’hui dans la tourmente.
Soupçons sur la championne cycliste, Jeannie Longo
Elle est en effet soupçonnée de ne pas avoir respecté les règles de localisation mises en place par les instances de lutte contre le dopage. Elle n’aurait pas averti l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (A.F.L.D) du lieu où elle se trouvait entre 6h et 23h à trois reprises, obligation que doivent tenir tous les sportifs professionnels soumis au contrôle longitudinal. Cela semble incompréhensible pour quelqu’un dans le milieu depuis si longtemps. Comment cela est-il possible ?
Il faut savoir que Jeannie Longo ne dispose pas de moyens de communication modernes tels que le téléphone mobile ou l’ordinateur portable. Par conséquent, elle reste injoignable lorsqu’elle se déplace et a fortiori lors de ses entrainements. Peut-être que ce choix de vie est d’ailleurs l’une des raisons de ses trois «no show» mais peut-être aussi est-il l’un des paramètres de sa grande réussite sportive…
Les « no show », sources de l’affaire
Toujours est-il que le 20 juin dernier, les représentants de la lutte contre le dopage n’ont pas trouvé la championne française et n’ont pas pu la contacter lors d’une visite inopinée de l’U.S Anti-Doping Agency (U.S.A.D.A) dans un hôtel américain, où devait loger la française. C’était la 3ème fois que cela arrivait.
Longo qui a enfreint à trois reprises les règles de localisation risque donc une suspension allant de 3 mois à 2 ans alors qu’elle n’a jamais été contrôlée positive précédemment. Si la peine maximum était retenue, cela signifierait certainement la fin de la carrière de la française puisque cette dernière est déjà âgée de 52 ans.
Des soutiens de poids pour Jeannie
Des personnalités telles que le sélectionneur de l’équipe de France de cyclisme sur route et consultant Laurent Jalabert, la directrice technique nationale de la Fédération Française de Cyclisme, Isabelle Gautheron soutiennent pourtant Jeannie Longo dans cette épreuve espérant certainement comme tout le public français que cela n’est qu’un facheux malentendu.
Malgré ces soutiens de poids, la sportive tricolore devra néanmoins passer en commission de discipline. En plus d’une suspension, sa place en équipe de France se trouve donc menacée.
Des preuves potentielles et un témoignage accablant publiés dans le journal L’Equipe
Depuis le début de cette « affaire » et de cette menace qui pèse sur Jeannie Longo, de nouveaux éléments sont encore apparus, une nouvelle fois dans le journal L’Equipe. Attardons nous sur ces différents rebondissements qui créent l’affaire Ciprelli, une presque deuxième affaire.
Le quotidien sportif a mis en avant que Patrice Ciprelli, mari et entraîneur de Jeannie Longo, aurait acheté des produits dopants par l’intermédiaire de Joe Papp et du site pour lequel il servait d’intermédiaire. Dans leurs colonnes, vous avez sûrement lu son interview, il y explique qu’il a «vendu de l’EPO d’origine chinoise à Ciprelli à cette époque» (ndlr : en avril 2007). Les propos de Joe Papp, dans cette interview indiquent que Ciprelli aurait dépensé environ 500 euros pour 80 000 iu (unités internationales). Cette dose d’EPO constitue un traitement de 4 mois pour un athlète de 50 kg.
Par conséquent, David Lappartient, président de la FFC, a annoncé, par l’intermédiaire d’un communiqué de presse, que Ciprelli était suspendu « à titre conservatoire » dans l’attente des résultats de son instruction à venir. Mais existe-t-il un lien entre les deux « affaires » du couple ? Là aussi, vous avez pu découvrir différents points de vue.
Mardi, la FFC a tenu une conférence de presse. A cette occasion, David Lappartient a souligné le fait qu’aucun lien n’existait pour le moment entre les deux affaires. C’est bien sûr une éventualité qu’on espère tous. Cependant, Joe Papp a confié à L’Equipe que Ciprelli avait stipulé que l’Eposino (ndlr : EPO chinoise) « était pour sa femme » lorsqu’il l’avait commandée en 2007. Voilà qui ne plaide pas en faveur de Jeannie Longo.
L’avenir sportif de Longo à quelques jours des mondiaux
Cette affaire, ébruitée auprès du grand public à seulement une dizaine de jours des Mondiaux de Copenhague a changé la donne pour la championne française qui voulait y participer.
Son mari ayant rapidement été désigné persona non grata par les organisateurs, elle a déclaré qu’elle ne s’alignerait pas à Copenhague où elle devait concourir sur les épreuves du contre-la-montre et de la course en ligne, n’étant pas en état psychologique de participer. On peut évidemment la comprendre. Tout cela sonne-t-il la fin de la carrière de Jeannie Longo ?
En attendant un éclaircissement sur l’éventuel lien qui pourrait exister entre les deux affaires, c’est à vous de vous faire une opinion sans oublier que personne n’a encore été ni jugé ni condamné et que donc il n’existe pour le moment que des suspects mais pas encore de coupables.
Ne tombons pas dans la diabolisation médiatique trop souvent à l’oeuvre dans le vélo et attendons que l’enquête avance avant de tirer des conclusions hâtives.
Crédit Photo : Luca Pedroni, Flickr.com – CC