Dimanche a eu lieu l’une des plus grandes courses cyclistes au monde.
Il s’agit de Paris-Roubaix. Une des plus grandes, la plus difficile course d’une journée assurément. 260km dont plus de 50 de routes pavées.
On dit routes mais il serait plus cohérent de parler de chemins tant le dallage des pavés est irrégulier, peu adapté à la pratique du cyclisme et encore moins sur des vélos de 6,8kg en Carbone, matériau utilisé pour sa légèreté mais surtout pour sa rigidité !
Les coureurs méritent totalement le surnom de forçats de la route sur cette course tant la course est une épreuve physique.
Cassés, éreintés, épuisés, blessés pour la plupart, tous les cyclistes finissent dans un état de fatigue avancé. Aucun participant ne sort indemne d’une telle journée. Plus de 6h15 sur le vélo à sursauter de pavé en pavé évitant la chute, les spectateurs, le vélo du concurrent le précédent quand celui-ci chute.
Même le vainqueur doit être soutenu à sa descente de vélo tant l’effort et les contraintes affligées au corps sont importantes. On l’a encore vu avec Tom Boonen, soutenu à sa descente de vélo par son pmanager, Patrick Lefévère.
L’événement sportif a marqué des générations entières de coureurs cyclistes. Il s’inscrit dans la légende du sport. Les plus grands y ont participé. Cependant, ce qui fait la légende de Paris-Roubaix, outre les secteurs pavés, le palmarès et la difficulté, c’est la ferveur populaire qui entoure la course.
En effet, cette course déchaîne la passion de spectateurs pour qui cette journée est souvent attendue avec le plus grand intérêt, notamment par les passionnés belges et plus particulièrement flamands.
En Belgique flamande, le vélo est bien plus qu’un sport, c’est presque une religion. Les courses cyclistes de début de saison dont fait partie « l’enfer du Nord » sont des sorties dominicales de premier choix pour les fans, prêts à faire plusieurs heures de route pour venir participer à la fête de la course et encourager les enfants du pays, principalement les coureurs des deux grandes équipes belges Quickstep (Boonen, Devolder, Van impe…) et Silence-Lotto (Gilbert, Van Summeren, Hoste..)
C’est ainsi que Paris-Roubaix accueille chaque année des milliers de camping-cars au bord des routes pavées. Une sorte de montée de l’Alpe d’Huez sur le plat. Certains secteurs en sont pleins. On pense notamment au mythique secteur du carrefour de l’arbre à 15km de l’arrivée où la légende dit que celui qui passe seul en tête a course gagnée.
Le secteur déjà très étroit se remplit de spectateurs ne laissant alors plus qu’à peine plus que la largeur d’un vélo aux coureurs pour se faufiler sur les pavés. Ces derniers fendent la foule, passent sous les nombreux drapeaux jaunes et noirs représentant le lion des Flandres, emblème de la Flandre.
Ces spectateurs belges sont la plupart du temps très bien équipés. Certains viennent en clubs. Des entreprises organisent des déplacements pour leurs clients. On retrouve ainsi des chapiteaux dressés au milieu des champs dès le vendredi précédent la course, des semi-remorques garés dans les champs au bord des pavés dans lequel bien souvent sont installés des écrans sur lesquels la course est projetée.
Certains érigent même des structures dignes de certains festivals musicaux avec matériel de sonorisation pour diffuser de la musique, scander le nom des coureurs avant leur passage ou même vendre de la nourriture et surtout des boissons, bière en tête. C’est ainsi qu’on retrouve sur presque chaque secteur pavé de la course un endroit où acheter de la bière pression, des cannettes de Jupiler ou encore des fricandelles.
De même, rare est le supporter belge qui n’a pas sa bouteille de bière à la main ou quelques pintes dans le corps et cela même parfois plusieurs jours à l’avance !
Tout cela donne une ambiance unique, bon enfant propre à Paris-Roubaix. Certains maires de communes traversées commencent à trouver cela plus que limite et certains demandent un meilleur encadrement des spectateurs par l’organisation à l’image du maire de Camphin-en-Pévèle, commune hébergeant le fameux carrefour de l’arbre avec son secteur pavé, qui n’a pas hésité à parler de « beuverie généralisée ».
Je pense qu’il n’a pas tout à fait tort. Mais est-ce propre à Paris-Roubaix ? La bière lancée sur la caravane, sur les concurrents du coureur préféré ? Evidemment que non. Tout événement populaire d’accompagne toujours d’à côtés arrosés et souvent, dans le feu de l’action, un peu trop. Ayant fait le Tour de France, il était fréquent pour moi de prendre de la bière ou de l’eau sur le véhicule ou dans la figure mais cela n’était jamais méchant. L’attitude était toujours pacifique et amicale. Je citerai en exemple le virage des hollandais dans la montée de l’Alpe d’Huez ou toute autre montée de col.
Le cyclisme n’est fort heureusement pas le Football. Les supporters, même alcoolisés, ne se battent pas ! C’est aussi ça la beauté du vélo. Un milieu populaire où tout le monde se respecte, du supporter au coureur, Paris-Roubaix n’est donc pas différent de ce modèle de valeurs.
Une belle course, d’hommes, dont le vainqueur est indiscutablement le plus fort et le plus chanceux, celui qui aura su éviter les chutes et les aléas mécaniques, le tout à l’ambiance flamande unique.