Ce que tout le monde attend dans le Tour, spectateur, suiveurs comme caravaniers, c’est la montagne. Cette année, le parcours avait disposé les Alpes avant les Pyrénées. La montagne s’est présentée à nous depuis Bourg-en-Bresse. Cette première étape fut magnifique et réserva quelques surprises tant au niveau de la course que des aventures caravanesques ;).
Première étape de montagne, c’est là que le Tour commence nous dit tout le monde dans la caravane. C’est là que la fatigue se montre vraiment avec les départs de l’hôtel à 6h. C’est là que les erreurs peuvent prendre un tour dramatique, les inattentions s’avérer catastrophiques. C’est là aussi que chaleur ou froid et vent deviennent parfois désagréables là où d’habitude, ils sont les bienvenus. C’est là encore qu’au niveau sportif les classements évoluent radicalement et que la course se joue très régulièrement. Enfin, la grosse question de chaque étape de montagne est : va-t-on être évacués ou pas ?
Les arrivées en montagne, et encore plus en altitude étant bien souvent sur une seule route, la caravane se retrouve bloquée dans la station pendant que les coureurs, les équipes, parfois même les spectateurs ne soient partis. Pour nous, à l’écoute de tout ça, le décor était posé et l’excitation d’arriver enfin au plus près des cimes commençait à tous nous gagner.
La première étape était relativement tranquille en terme de difficultés et même si notre hôtel était situé à Gaillard, soit à 40km de l’arrivée, ce ne devait pas être une journée trop « hard », cependant, le Tour a ses secrets qui font que d’une journée en apparence paisible, on en revient souvent à une grosse journée très longue et mémorable, ce qui est le cas de cette première journée de montagne.
Sur cette étape, on a donc vécu une chute de drapeau. Cela aurait presque pu passer inaperçu vu que ça devenait presque automatique sur chaque étape et au sein de la caravane, rien de trop grave mais là c’était juste avant de commencer l’ascension du col de la Colombière, il a donc fallu remonter la caravane assez vite, remontant aussi de ce fait des véhicules de journalistes, de l’organisation. Pas mal de monde au final avant de reprendre enfin ma place. Une hôtesse était à l’intérieur avec moi car elle avait chopé une infection à l’œil sur l’une des étapes de l’In-field des jours précédents. Donc, avec son œil gonflé, mieux valait qu’elle évite le gros de la foule. J’ai donc eu sur cette étape une copilote et surtout quelqu’un pour m’arroser. Vraiment la bonne aubaine. Car le gros point noir de cette journée fut la chaleur sans aucun doute. Réellement écrasante ! Je ne saurais dire combien de bouteilles d’eau y sont passées. Plus de 30° même en haut du col de la Colombière, premier grand col de ce Tour.
D’ailleurs, dans la montée du col de la Colombière, nous avons tous eu très peur. Sur le bord de la route, gisait une hôtesse soutenue par son chef caravane, leur véhicule était arrêté un peu plus bas et les pompiers arrivaient au pas de charge. La jeune danseuse du char de la marque était prise de convulsions. Elle était totalement déshydratée et faisait une insolation. Ayant refusé d’arroser ses cheveux et de porter une casquette pour raisons esthétiques (hum hum…), elle n’avait pas résisté à la grande chaleur du jour. En passant devant eux, cela m’a fait tout drôle et j’ai demandé à ma copilote du jour de me rafraichir copieusement, du coup.
L’arrivée étant en vallée, au Grand-Bornand, la chaleur n’en était que plus importante en bas. Le vent ne soufflait quasiment pas sur la station. Et nous qui pensions être partis rapidement, espérant une évacuation rapide ! En effet, nous étions bloqués car notre parking caravane était en réalité celui du départ du lendemain et n’était qu’une route sans issue montant depuis la station à flanc de montagne vers nulle part. Nous étions ainsi bloqués et n’attendions qu’une évacuation caravane pour partir. Cependant, celle-ci ne vint jamais.
Nous sommes restés bloqués jusqu’à environ 20h-20h30 sans réellement bouger avec de temps en temps un semblant de départ qui abortait quelques dizaines de mètres plus bas. Nous avons su plus tard par les gardes républicains que rien n’avait été mis en place, ils étaient rentrés sans être prévenus que la caravane était bloquée. Le problème serait venu d’un gendarme, qui pris d’une réflexion utile et peut-être vraie en temps normal mais assez hors contexte pour le cas de la caravane du Tour, vus les horaires effectuées par ses membres, qui était que comme la caravane ne faisait que son travail, elle devait laisser la priorité pour partir aux spectateurs, souvent vacanciers. Alors que s’est-il passé réellement, je ne le sais pas, j’ai toujours entendu cette version de l’histoire. Toujours est-il que nous sommes restés bloqués très longtemps.
Pour passer le temps, nous avons donc décidé de nous occuper – C’est d’ailleurs ce genre de moments qui soudent un groupe, on ne s’en rend compte qu’après coup. Sur le moment, on est plus dans l’amertume d’être bloqué et de se dire qu’on ne va dormir que quelques heures et qu’on n’aura peut-être plus à manger en arrivant au restaurant à 22h30-23h, réflexions purement matérielles j’en conviens mais après 7h sous la chaleur et après une journée de 14h on n’a plus trop la tête à réfléchir –
Après être descendus saluer des membres d’autres caravanes et être revenus près de nos véhicules, nous avons sympathisé avec de jeunes enfants à qui nous avons donné le surplus de la journée en bonbons et en porte-voix. Quelques minutes plus tard, ces derniers sont revenus avec une bouteille de jus de pomme artisanal, une bouteille d’eau. Une rencontre vraiment très forte. Si nous n’avions pas été tant, je suis persuadé que les parents de ces jeunes enfants nous auraient invités. Nous avons ensuite – après avoir, bien sur, eu le temps de tout nettoyer, lire le journal – décidé de mettre de l’ambiance en mettant en route la sono pour danser et faire passer le temps. Quelques pas de danse improvisés sur la route, un karaoké géant sur les titres d’Indochine (« Chaéééééé ! ») comme l’aventurier. Un des chauffeurs nous a gratifiés d’un assemblage artistique de porte-voix.
Il était très fier de son œuvre, qui ne le serait pas ? 😉 en attendant le départ, nous avons pu apercevoir des fondeurs s’entrainant sur skis à roulettes et un couple transportant un chien fainéant, de leurs propres dires, dans un sac ! Belle tranche de rigolade !
Une fois la situation débloquée, nous avons repris la route vers Gaillard où nous sommes arrivés tout juste pour remplir les véhicules de goodies, manger et enfin aller prendre le repos qu’on n’aurait pas imaginé le matin même pouvoir attendre avec autant d’empressement.
Julien
Salut Martin, je te remercies vivement de nous remémorer tous ces magnifiques moments de la caravane, tes souvenirs sont encore intacts.Il y avait pour moi quelques petits détails que ma mémoire avait occultée, mais en lisant ton récit tout est redevenu limpide !Je dois dire que j’attends avec impatience chaque nouveau post de ta part.
Pour en revenir à cette étape, comme tu le dis si bien, c’est vraiment là que le tour a commencé, notamment me concernant, puisque c’était mon 1er Tour.Et ben la montagne, il faut l’avoir vécue pour vraiment se rendre compte de cette incroyable liesse populaire, j’en ai encore des frissons qui me parcourent !
Je me souviens d’avoir été super content de pouvoir assister à l’arrivée d’étape, avec toute l’ambiance qui y est associée.L’écran géant que l’on scrute, l’hélicoptère que l’on entend de plus en plus, le brouhaha de la foule qui s’amplifie, et enfin apercevoir une petite tâche sur le flanc de la montagne, descendre à Mach 3 vers l’arrivée.Trop bons souvenirs…
Quant à l’attente ensuite, ne m’en parle pas, quand je pense que le chef caravane nous avais dit « vous y allez mais revenez une fois que les 25 premiers sont arrivés car ensuite ca va partir et on ne pourra pas s’arrêter… » j’en souris encore !
Que d’attente le long de cette petite route, avachis dans le fossé à l’ombre pour la plupart, bien assomés par cette journée harassante.Et voir toute la file des spectateurs regagner leurs véhicules, où le camping tout proche.Nous avions d’ailleurs eu l’occasion de discuter avec quelques estivants sur notre job au sein de la caravane, bien sympa.
Et enfin le moment du départ, un long transfert nous attendait vers notre hôtel de sainte hélène sur isère.La réappro fut pénible, le repas interminable, mais le sommeil bien salvateur !
Martin
Pas de quoi, ça me fait plaisir d’être lu et de voir que ça plaît.
Nico (ou Jacquouille c'est selon...)
Très bien mon cher Mc Fly, mais je ne peux te permettre de te tromper sur un point: il s’agit du Col de la Colombière, et non du Col de la Madeleine, situé en Savoie, non loin de Moutiers… Hormis ça, toujours très bon récit, et vivement la suite de nos aventures RMCesques!!
Martin
Je corrige prestement cette erreur 😉