Cette nuit-là avec la chaleur étouffante de l’hôtel Formule 1 d’Albertville, ce qui devait être une bonne nuit de sommeil se transforma en quelques dizaines de minutes de sommeil à tout casser. Je pense avoir dormi entre une heure ou deux. Encore si je m’étais vraiment reposé étant allongé, cela aurait été mais là, par près de 30°, dans l’atmosphère confinée de l’hôtel, c’était vraiment très très malsain.
Une nuit magique. Ce genre de nuit pendant laquelle on se dit tout le temps qu’il faut dormir et pendant laquelle, malgré le poids et la sécheresse des paupières, le corps et l’esprit refusent de se mettre en veille. Là couvert de sueur, le drap complètement repoussé mais collant aux pieds, la bouteille d’eau se vidant sans que le besoin d’aller uriner ne se fasse sentir, je ne voyais pas trop comment je pourrais enfin trouver le sommeil. Finalement, cela s’est produit pour quelques minutes. Celles qui m’ont permis de profiter tant bien que mal de la dernière étape alpestre, surement la plus belle.
Une des composantes essentielles du Tour dans la caravane est la soirée. Nous avons déjà eu l’occasion de le voir d’ailleurs dans les récits précédents. J’avais évoqué une soirée mémorable dans une cantine mémorable, je vais maintenant parler d’autre chose de non moins notable, les hôtels Formule 1. Hantise des caravaniers à cause de leur confort sanitaire rudimentaire, les hôtels Formule 1 n’en étaient pas moins les plus représentés parmi les hôtels fréquentés chez Maracoudja au milieu des autres première Classe, B&B, Village Hôtels ou encore (plus rare) Etap Hôtels.
Je dois admettre qu’avant d’avoir pu essayer cette chaîne d’hôtels lors de mon premier Tour de France et juger par moi-même de la qualité de ces auberges, j’avais déjà eu des échos au travers de films dans lesquels les stéréotypes des hôtels « low-cost » avaient été évoqués. Mais pour la plupart ou du moins dans les conditions dans lesquelles j’ai eu l’occasion de découvrir et d’approfondir la connaissance de ces hôtels, je n’ai pas constaté de gros problèmes d’insonorisation ni n’ai eu l’impression que ces hôtels n’étaient que des hôtels de passe. Après, il est certain, comme je l’ai dit, que c’était le mois de juillet, période de vacances et qu’à chaque fois que nous y descendions, une grande partie de l’hôtel était prise par la caravane. L’échantillon témoin de la clientèle typique de ce genre d’hôtel n’était clairement pas représenté.
Commençons par une brève description. L’hôtel Formule 1 type est assez parallélépipédique. De temps en temps, il est architecturé en U, en L ou même des fois de manière encore plus compliquée mais au final et de l’extérieur, l’aspect reste globalement toujours plus ou moins le même. Une sorte d’entrepôt plutôt bien décoré avec de petites fenêtres carré réparties de manière périodique sur les murs.
Sur la façade surplombant l’entrée, un triangle architectural accroché au mur et deux ou trois ensembles de mobilier de camping ou de jardin. A côté de ce mobilier, des pots de fleurs ou des jardinières.
Tout autour de l’hôtel, un grillage de zone industrielle entourant un assez vaste parking aux places étroites pour des véhicules de caravane publicitaire.
En règle générale, l’entrée et la sortie du parking donnaient droit à de beaux numéros d’équilibristes du volant. Lorsqu’il était tard le soir et qu’on avait le temps, cela importait peu mais lorsqu’on était à quelques minutes voire secondes de l’heure fixée pour le départ le matin, la galère du parking devenait vraiment problématique. En effet, rentrer dans une place le soir est toujours relativement simple car on est soulagé d’être arrivé, la pression retombe mais en sortir, le matin, pressé par le temps, cela peut devenir bien moins facile.
La première fois qu’on pénètre dans un Formule 1, c’est toujours un moment à part. Je ne me souvenais plus trop de cette sensation jusqu’à ce qu’un collègue de la caravane, habitué du Tour dans les hôtels luxueux des équipes ou des sponsors ne découvre sous mes yeux et pour la première fois de sa vie l’hôtel Formule 1. C’était celui de Grande Synthe pour la petite anecdote et bien que très propre et plutôt bien pour un Formule 1, nous venions de passer 2 jours en Angleterre dans un bel hôtel du quartier des Docks, adjacent au nouveau quartier de la finance londonienne. Le changement était donc radical. Au départ, non ‘y croit pas, on se dit qu’il doit y avoir méprise quelque part puis, tout en découvrant avec étonnement les lieux, on se fait à l’idée de séjourner quelques heures là. Surtout que sur le Tour, la fatigue est souvent présente, le sommeil ne tarde jamais à venir par conséquent on ne profite pas trop du confort précaire des installations. Je pense même ne jamais avoir allumé la télévision cette année au Formule 1 !
Au niveau des équipements justement, un petit lavabo, 2 prises de courant, deux néons, des serviettes minuscules, tant et si bien qu’il fallait toujours décider quoi cacher si on décidait d’aller sans aucun vêtement à la douche, et irritantes à force d’être lavées, une télé toute petite, 30-36cm max disposée dans un coin de la chambre. Au niveau couchage, un énorme drap faisant office de housse et de drap à placer sous des couvertures piquantes et rêches comme je ne pensais plus qu’il était possible d’en faire.
Pas de climatisation ni d’aération particulière à part la toute petite fenêtre carré. A deux dans la chambre, des fois trois pour certaines, cela devenait vite irrespirable dans les régions chaudes lorsqu’il avait fait 30° de 11h à 18h…
Mais tout cela ne serait rien si le Formule 1 n’était pas magnifiquement doté de sanitaires communs préfabriqués en plastique PVC beige. Le matin, c’était un peu le défilé en tenue légère, avec la serviette soit devant, soit derrière au choix, descendant à peine à mi cuisse, dans les couloirs moquettés de l’hôtel pour aller faire ses besoins ou prendre une douche. Il fallait parfois attendre plusieurs minutes avant de pouvoir avoir accès à une cabine de douche détrempée et totalement emplie de buée.
Quel tableau noir vous dites-vous surement ! Oui et non car tout cela a grandement participé au charme du Tour et sans ça, cela n’aurait surement pas été pareil.