L’étape passa vite même si le paysage était joli et qu’on a doublé notamment Laurent Fignon et avons été doublés par quelques coureurs reconnaissant le parcours encore sec à ce moment de la journée. La différence de rythme entre l’expro et les pros est facile à remarquer ;).
Les côtes étaient impressionnantes ! Je me demandais à ce moment-là comment allaient faire les coureurs pour passer en rythme de contre la montre à ces endroits-là…Je n’allais pas être déçu !
A l’arrivée du contre la montre se posa un gros dilemme qui mit un peu de tension dans l’équipe. Nous pouvions aller rencontrer l’équipe de RMC en zone technique mais pour cela, il fallait renoncer à partir dès l’arrivée attendre surement que tous les coureurs soient arrivés pour enfin pouvoir nous diriger vers Toulouse, notre hôtel du soir pour deux nuits. Le temps était en train de changer et il était flagrant qu’il allait pleuvoir, le ciel était bas, gris et on avait déjà vu quelques gouttes de pluies pendant l’étape. Ensuite, le fait d’être « pris » au piège jusque 17h avec du trajet après ne réjouissait pas grand monde, il était 11h environ. La décision de partir fut prise quasi à l’unanimité.
Nous nous sommes dirigés vers Toulouse pour un trajet qui fut marqué par une pluie très forte. D’un seul coup, il s’est mis à pleuvoir et cela jusqu’à notre arrivée à l’hôtel. Sur l’autoroute, nous avons vu une autre caravane, celle du faillitaire avec les choppers, sortes d’hybrides de voiture et de moto. Les filles qui avaient pris le guidon des machines pour soulager les chauffeurs avaient bien du courage car les conditions étaient des plus humides. Depuis la Belgique et des averses très fortes sur l’étape arrivant à Gand, nous n’avions plus vu tant d’humidité et cela faisait vraiment bizarre. D’un coup, le moral baissait. En plus, le repas était vraiment léger et il avait été avalé en vitesse pendant le parcours vers 10h30, habitude d’étape oblige, ce qui fait qu’approchant midi, je commençais à avoir faim et plus rien à manger. Pas bon non plus ça de faire de la route sans rien à manger et en plus sous la pluie ! Heureusement, nous sommes vite arrivés. Nous sommes allés directement à l’hôtel où nous nous sommes garés, douchés et changés. Vers 12h30, la fin nous tiraillant, nous avons décidé de nous mettre en quête d’un fast food pour aller manger un peu et combler le vide de nos estomacs.
Dans toute zone d’activité en bordure d’autoroute et de grande ville il y a un fast food, c’est une règle qu’on vérifie sur le Tour au fil des ans. Après nous être fait indiqué le fast food, nous avons arpenté la zone commerciale et après quelques minutes de marche avons fini par trouver le restaurant où nous avons enfin mangé !
Puis, après quelques photos relatant encore une fois parfaitement l’ambiance dans le groupe, nous sommes repartis vers l’hôtel où nous avons profité de cette sorte de demi-journée de repos pour regarder le contre la montre à la télévision ou encore dormir.
Je sais que j’ai somnolé à moitié, la musique sur les oreilles, un œil sur la télé, la prestation surhumaine de Vino et de ‘Chicken’ Rasmussen me tenant éveillé. A côté de moi sur le grand lit où étaient déballées les glacières, négligemment posés le journal et les road books pour le lendemain, mon collègue et partenaire de chambrée dormait à point fermé.
C’est à ce moment-là du Tour où sportivement, j’ai commencé à douter des performances de Rasmussen et que j’ai su que quelque chose n’allait pas.
Les fameuses côtes dont je parlais. Vino et Rasmussen les ont montées à 47km/h de moyenne en ralentissant presque par endroit car la chaussée était rendue glissante pas la pluie ! Rasmussen a fini en doublant Valverde parti quelques minutes devant lui.
Sur le podium, le danois de Rabobank donnait l’impression que son corps aurait du mal à se remettre de l’effort fourni. Il haletait, avait du mal à reprendre son souffle et faisait peine à voir. Quelque chose n’allait pas…Je me suis dit, soit il saute demain et perd le maillot jaune, soit quelque chose ne va vraiment pas !