La dernière étape de montagne du Tour partait de Orthez. Concrètement, on retournait là où on avait passé la journée de repos la veille. Mon ventre avait un peu de mal à se faire à cette idée mais il était tôt et il dormait encore à moitié. La route était toute droite sur autoroute et il était tellement tôt qu’il n’y avait personne. En arrivant à Orthez, l’entrée de la ville était plongée dans un brouillard très dense probablement causé par l’humidité et la fraîcheur matinale tranchant avec la chaleur torride de la veille.
Dès que nous avons été garés sur le parking caravane, nous avons mis la polaire ou la parka. Petit à petit quand nous préparions le départ, le brouillard se leva et le soleil sortit de la brume.
Le programme de la journée était copieux avec notamment un col que je ne connaissais pas du tout pendant un passage en Espagne, le col de la Pierre St-Martin.
Le début de l’étape fut très semblable aux étapes précédentes en terme de population, de type de végétation et de paysages. Mais lors du passage en Espagne, tout changea. Tout d’abord, il y avait une grande majorité de maillots oranges sur le bord de la route. Cela donnait l’impression que quelqu’un avait distribué des T-Shirts aux spectateurs car presque tous avaient le même maillot si bien qu’au loin quand on regardait les lacets du col, on distinguait un liseré orange nous en lieu et place de l’habituelle ligne grise de bitume à travers la montagne.
Ce qui me frappa tout de suite quand nous sommes arrivés vers le haut du col espagnol fut la présence de militaires espagnols armés de mitraillettes dans les hauteurs ! Deux ou trois fois, j’en aperçus. Après renseignement pris auprès du chef caravane, l’ETA avait brûlé une maison sur le parcours de l’étape et le gouvernement espagnol avait renforcé en conséquence le dispositif de sécurité. Vers le haut du col, le paysage devenait lunaire. Absence de végétation, pentes escarpées. Le retour en France nous fit retrouver des paysages plus verdoyants.
Les deux derniers cols furent montés rapidement pour une fois. Cela tenait à la configuration de la ligne d’arrivée en altitude mais au sommet d’un col qui redescendait immédiatement. La montée de l’Aubisque fut moins lente que les arrivées au sommet habituelles. J’eus tout de même le temps de me prendre une portion de frites à la mayonnaise sur le pare-brise.
Ce qui me fit d’abord peur car je me suis vraiment demandé ce que j’avais tapé ou récupéré puis qui me dégouta car de la mayonnaise étalée sur une vitre chauffée pendant une journée complète au soleil, ça sèche et ça devient très délicat à enlever.
J’ai fini avec une grosse tâche sur le bord supérieur gauche de mon pare-brise. Je fus assez chanceux de ne pas me prendre le projectile par la fenêtre conducteur, ouverte comme toujours lors de s arrivées…Je pense que cela m’aurait encore plus réjoui que de goûter à des frites mayo à 16h30 sur mon T-Shirt !
Arrivés en haut, nous devions rejoindre la vallée après le col du Soulor prolongeant le col d’Aubisque où était jugée l’arrivée, ce qui nous rajoutait 40km. Nous avions interdiction de nous arrêter dans la descente pour éviter de créer des bouchons dans l’évacuation.
Cependant après une étape de 6h sous le soleil à boire abondamment, on doit forcément se soulager et pour certain(e)s, cela relevait de l’ordre de l’impossible. Nous nous sommes arrêtés sur un bas côté en prenant soin de ne pas gêner les véhicules nous suivant et avons vite repris le train des autres véhicules de la caravane arrêtés un peu plus loin.
En haut de l’Aubisque, la gendarmette s’occupant de l’évacuation m’avait dit de faire attention aux vaches et aux moutons dans la descente ce que je n’avais pas vraiment compris. Il ne m’a pas fallu longtemps pour réaliser ce dont elle parlait. Quelques centaines de mètres après être repartis, nous nous trouvions face à une vache en plein milieu de la descente. Celle-ci ne semblait guère effrayée par notre présence et prit tout son temps pour rejoindre l’autre côté de la route. Plus loin et plus vicieux, dans la descente au milieu d’un virage sans visibilité, un groupe de mouton là aussi au milieu de la chaussée. Ceux-là ont eu vraiment de la chance car sans visibilité, nous avons failli les percuter et heureusement que nous descendions prudemment. Certains motards auraient pu les percuter comme pour rire.
Arrivés dans la vallée, nous avons effectué le rituel du démâtage puis j’ai nettoyé mon pare-brise. J’ai passé un certain temps car la Mayonnaise avait déjà au le temps de bien sécher dans la descente. C’était gras, la couleur avait viré au écru jaune, c’était peu ragoûtant surtout en fin de journée quand la faim commence à se sentir.
Puis nous sommes repartis vers notre bel hôtel de Tarbes que nous avons rejoint rapidement, l’évacuation étant très bien faite ce soir-là.