La dernière étape du Tour a toujours été un moment fort en émotions sur mes Tours de France. Celle-ci n’aura pas été trop différente des autres en terme d’émotions. De mémoire, je peux facilement résumer et en synthétiser certaines.
Tout d’abord, la nostalgie.
On sait et on sent que c’est la fin, que passée la ligne d’arrivée et garés entre le petit et grand palais, tout s’arrête. La course bien sûr, notre vie de caravanier, les soirées, tout ce qui fait le charme du Tour au sein de la caravane. La proximité avec les collègues avec qui se sont souvent créés des liens très forts. Ensuite, le fait que dans Paris, l’ambiance est quasi-nulle en comparaison des ambiances folles et passionnées vécues sur le bord des routes pendant trois semaines. Le public est moins populaire et passionné que dans le reste de la France où bien souvent, les vacanciers regardent passer le Tour. Question de population, question de proximité du public aussi, ce qui est dommage.
La nostalgie des bons moments passés.
Puis, le manque de fun.
En effet, sur Paris et aux alentours de la ville, le fun qu’on pouvait avoir sur les autres étapes disparaît. Tout est ici sécurisé, on ne peut plus distribuer d’échantillons, tout est organisé outre mesure. L’organisation de la course n’est plus toute puissante, les forces de l’ordre traditionnelles prenant le relais, établissant des cordons de sécurité autour des zones réservées aux coureurs, à la presse, aux tribunes même. Il est quasiment impossible de se frayer un chemin dans l’une ou l’autre de ces zones réservées où pendant le Tour on pouvait se glisser facilement.
Aussi, l’éblouissement de la ville.
L’entrée dans le cœur de Paris par la rue de Rivoli puis sur la place de la Concorde est grandiose. Toute cette largeur de chaussée pour nous. Conduire au pas au milieu de ces monuments magnifiques. Remonter la plus belle avenue du monde avec au fond l’arc de triomphe, sans personne d’autre que d’autres véhicules de la caravane devant et derrière soi. L’émotion est vraiment à son comble à ce moment-là. On est vraiment subjugués par la beauté de la ville, par l’émotion collective se dégageant autour de nous. Le concert de klaxons dans les tunnels de fin d’étape, les signes et les visages remplis d’émotions des chauffeurs poids lourds et des ravitailleurs ayant le droit de faire la dernière étape ou de raccrocher les caravanes pour remonter les Champs. Inoubliable !
Egalement les remerciements du client et de l’agence.
Grand moment quand le client vient vous serrer la main une dernière fois et vous féliciter pour ces trois semaines en vous disant qu’il est fier de vous et de l’image que vous avez donné de sa société. Grand moment aussi quand les responsables de l’agence, devenus des bons copains ou des amis viennent également vous remercier dans une poignée de main ou une accolade qui transpire d’émotion tant la pression et le stress accumulés sur leurs épaules pendant les semaines précédant le Tour était forte. On se dit que finalement, ce qu’on a fait presque naturellement pendant 3 semaines est top, qu’on ne s’est pas levé tôt le matin et coucher tard le soir pendant le Tour juste pour s’amuser et voir du pays, le client, notre raison d’être en tout premier lieu est satisfait et cela, mine de rien, avec le recul donné par la claque de l’arrivée à paris et la fin de l’aventure, ça fait chaud au cœur.
Enfin, la tristesse.
Après tous ces moments intenses de joie, de bonheur, de jolis paysages et de rencontres inédites, on se rend compte que c’est fini et qu’on va reprendre sa vie certes pas si mal que ça mais vraiment moins excitante que ce qu’on vient de vivre. Quitter les personnes charmantes et très sympathiques avec qui on a vécu 14, 16 ou 18h/jour pour peut-être ne plus jamais les revoir avant très longtemps. A ce moment-là, cela semble impossible et pourtant…c’est bien ce qui se passe.