Au moment du signal d’évacuation du parking caravane de l’arrivée, tout le monde part, tout de suite. Il s’agit de ne pas rater le départ. Pour les caravanes Maracoudja, la plupart d’entre nous devait ramener les véhicules à Jossigny au dépôt de la société pour ensuite les désticker, les remettre à nu pour les rendre aux loueurs.
Nous avons suivi un chef caravane à travers Paris. Il avait un GPS. Ce n’était pas évident. Nous étions plus de 10 véhicules à nous faufiler dans la circulation parisienne en essayant de ne pas nous perdre. Heureusement, les véhicules étaient puissants et nous pouvions serrer entre nous pour ne pas nous perdre de vue et être distancés par des arrêts aux feux trop nombreux. La circulation dans Paris fut périlleuse. Sortir de trois semaines de conduite assistée, encadrée ou en convoi le soir sur des routes relativement peu chargées et conduire dans Paris est assez impressionnant. On sent tout de suite la différence quoique les automobilistes parisiens semblent comprendre qu’il faut qu’on roule ensemble et ne nous sèment pas d’embuches.
Tout se passa pour le mieux. On n’eut pas trop de mal à rejoindre l’autoroute et la sortie pour Marne-la-Vallée. Jossigny arriva rapidement et une fois arrivés à l’entrepôt on rangea les véhicules selon les directives d’un des membres de la société arrivé avant nous. Dans les esprits se superposaient les images d’il y a plus de trois semaines quand au même endroit on avait pris les clés des véhicules pour la première fois.
La mission était accomplie. Le Tour était fini et le véhicule était en bon état. Pas d’accident, de problème mécanique. Après s’être tous rangés devant ou dans l’entrepôt, on se mit à vider les véhicules. Personnellement, je l’avais déjà fait un peu la veille pour transvaser des objets dans ma valise. Il ne restait que le nécessaire. Les glacières, les bouteilles d’eau à jeter. Cela était la partie facile car il a ensuite fallu retirer le stick des véhicules.
Outre le côté mélancolique de la chose car on enlève le beau costume du véhicule pour le renvoyer vers une vie moins amusante de voiture commune, il est très dur d’enlever le stick d’un véhicule ! C’est collé vraiment très fort à la carrosserie et il faut user de tout son poids et de toutes ses forces pour tirer le plastique collant qui brûle le bout des doigts. Avec les structures, il était en plus impossible d’enlever certaines parties. Un grand tas de stick a été composé dans l’entrepôt. Comme beaucoup j’ai récupéré les autocollants d’accréditation caravane de mon véhicule. Depuis ils sont accrochés à un mur de ma chambre. On y voit la trace de l’essuie-glace, le logo du Tour 2007 et mon numéro d’accréditation, le 3407. Un beau souvenir.
Le soir, une soirée était prévue au sein de la société en plus de la soirée ASO de fin de Tour. Me concernant, je devais rentrer le soir même comme trois autres caravaniers de Lille ce qui tombait bien. Nous avons pris la décision après avoir eu l’aval de la société de repartir rapidement vers la gare RER la plus proche, celle de Bussy Saint Georges. Les au revoir furent émouvants. Après tout ce qu’on vit pendant trois semaines ensemble, il est très dur de se dire que pour certains on ne se reverra peut-être pas ou alors pas avant l’année suivante ou même plus tard peut-être.
D’une part, nous partions ce qui n’était pas évident. Nous laissions les autres caravaniers.
D’autre part, ceux-ci ne s’attendaient pas à ce qu’on parte aussi tôt. A bord d’un Espace Festina nous sommes repartis avec tous nos sacs, trois en moyenne par personne.
Après le RER et le métro, j’ai embarqué dans le TGV vers Lille. Le Tour était fini. Je passais ma dernière heure de caravanier, étant encore habillé en tenue officielle dans le train, à côté d’une des hôtesses m’ayant accompagné dans l’équipe pendant les trois semaines. Derniers moments de Tour, derniers moments de magie puis à Lille, nous nous sommes tous les quatre séparés et avons repris nos vies comme nous les avions laissées avant de partir.
Il se dit au sein de la caravane que tout ce qui se passe sur le Tour reste sur le Tour. Bien souvent, on laisse aussi de côté sa vie habituelle pendant le Tour, c’est ce qui est parfois dur pour certaines personnes. La page de ce Tour venait de se refermer. J’allais récupérer ma vie telle que je l’avais laissée en partant après cet aparté exquis.