Lorsque la saison cycliste se termine, on comptabilise le nombre de points qu’a obtenu chaque coureur pour créer le classement mondial UCI. Chaque cycliste acquiert un certain nombre de points selon ses places obtenues au classement général des épreuves du World Tour.
Mais ce classement UCI est-il juste ?
Le classement WorldTour, des points pour générer une hiérarchie
Si on prend en exemple le Tour de France, ce sont uniquement les 20 premiers au classement général qui se voient attribués des points, le vainqueur remportant 200 points, le 20e n’en comptabilisant que 4, selon un barème créé en 2009. Sur d’autres courses comme Liège – Bastogne – Liège, Paris – Roubaix ou encore Paris – Nice seuls les dix premiers coureurs marquent des points. C’est également le cas du Tour de Suisse et du Tour de Pologne.
Il existe aussi un classement par équipes, réalisé par « l’addition des points des cinq meilleurs coureurs de l’équipe au classement individuel ». De même, pour le classement par nation, ce sont les cinq meilleurs coureurs de chaque nation qui permettent l’établissement du classement.
Sans connaître l’attribution des points, on pourrait supposer que lors d’une épreuve cycliste, la majorité des participants repart avec des points alors que dans les faits, une petite minorité seulement valorise son résultat.
Face à ce système qui ne récompense pas les équipiers, au travail la plus grande partie du temps pour leurs leaders, portant les bidons, protégeant du vent, bouchant les cassures et leur permettant de gagner des courses, ne faudrait-il pas augmenter le nombre de coureurs gratifiés par les fameux points pour se rapprocher du nombre d’engagés sur les courses ?
Ces points sont en effet capitaux pour les coureurs car ils servent à les “noter” lors des transferts. Effectivement, les équipes devant obtenir un nombre de points minimal pour prétendre à l’attribution de la licence World Tour recrutent les coureurs notamment selon ce barême.
Dès lors, on se retrouve dans une situation délicate pour les coureurs équipiers de grands leaders s’ils ne remportent pas eux-mêmes de courses.
Les limites et conséquences de cette recherche de points à tout prix
C’est ce qu’a dénoncé récemment Geoffroy Lequatre dans une interview : « Même quand vous aidez quelqu’un à gagner le Tour de France, vous ne récupérez aucun point » expliquait-il.
C’est un fait. En regardant n’importe quelle course, on s’aperçoit qu’au sein d’une équipe, il y a le ou les leaders et les coéquipiers. Ces derniers sont d’ailleurs devenus petit à petit des pièces maîtresses dans les dispositifs des équipes.
On met très souvent en avant le « train » des équipes de sprinteurs ou le “poisson pilote” qui sont devenus nécessaires au fil des années pour permettre à un sprinteur de rouler à fond uniquement sur les 200 derniers mètres lors d’un sprint massif et de conclure le travail avec la victoire.
De même, sur des courses de trois semaines, avec des étapes de plus de 200 kms par jour, comment feraient les coureurs souhaitant être en tête du classement général pour rester en pleine forme tous les jours et se positionner parfaitement sans coéquipier ?
Ce serait sans doute difficile, pas impossible, juste difficile physiquement et moralement, on l’a d’ailleurs vu avec l’exemple d’Alberto Contador sur le dernier Tour de France.
La cohésion des équipes, limite du système ?
Si on extrapole les raisonnements de points, ce système ne pourrait-il pas être aussi une limite à la bonne entente au sein d’une équipe ?
Aujourd’hui, chaque cycliste sait quel rôle il a à jouer sur chaque course mais s’il doit récupérer un certain nombre de points pour obtenir un contrat la saison suivante et qu’il ne peut pas les prendre en tant que coéquipier, ne sera-t-il pas tenté de ne plus endosser ce rôle et de rouler uniquement pour lui, quitte à laisser tomber son leader ou son équipe pour préserver son avenir de coureur professionnel ?
On le voit, avec ce classement mis en place par l’UCI et avec les contraintes budgétaires subies par les équipes, le cyclisme risque d’évoluer de plus en plus vers un sport plus individuel et moins collectif alors même que la notion d’équipe n’a jamais été aussi forte avec la création de gros groupes par agrégation de talents (BMC, Radioshack-Nissan-Trek, Sky…).
Pour éviter cela, il faudrait certainement, comme le propose Lequatre, que chaque cycliste participant à la victoire du leader, à la prouesse du grimpeur, au final du sprinteur, puisse obtenir des points afin de préserver son statut et éventuellement sa place dans une équipe professionnelle. Bien sûr, c’est très simple à dire mais bien plus difficile à faire ! Voyons comment l’UCI fera évoluer son classement afin de préserver l’attrait du sport cycliste tout en préservant le sort des coureurs.
Le classement UCI 2011
En attendant d’éventuels changements, vous pouvez retrouvez le classement complet de cette année sur le site de l’UCI
Nous retrouvons donc en tête, Philippe Gilbert avec 718 points, suivi de Cadel Evans avec 574 points. Et c’est Alberto Contador qui clôture le podium avec 471 points. A titre d’information, Jean Christophe Péraud est le premier français et se retrouve donc à la 28e place avec 151 points bien loin derrière le meilleur coureur de l’année malgré sa remarquable 10ème place au Tour de France.
Crédit Photo : Petit Brun, Flickr.com – CC