Et pourquoi je pense que ce sport n’a pas la place qu’il mérite dans le paysage médiatique.
Cet article est une réponse à l’article paru sur le site The inner ring et titré « Why I hate cyclocross » dont je ne partage pas le point de vue même si je le respecte et pense que la plupart des arguments évoqués sont vrais mais ne justifient pas ce désamour.
Je vous livre donc ma vision de cette pratique cycliste que je hisserais pour ma part tout en haut de la pyramide du cyclisme tant elle est dure, sélective et peu connue du grand public.
Le cyclocross qu’est-ce que c’est ?
Pour ceux qui ne connaissent pas ou n’auraient jamais regardé une course à la télévision, ce qui est très probable en France. Il s’agit d’une course cycliste sur circuit, dans la nature, sur des prairies, dans les bois, sur des morceaux de plage mettant à l’épreuve plusieurs dizaines de cyclistes.
Une course dure environ 1h et se court sur des vélos de cyclocross qui sont des vélos de route adaptés à la pratique tout terrain. Les freins sont des cantilevers à l’ancienne pour éviter les bourrages de boue par exemple, les cadres sont moins rigoureux que ceux de route bien qu’assez proches et enfin les pneumatiques sont plus larges et crantés. Pour le reste, c’est très semblable à ce qu’on peut voir sur route.
Des courses très intenses
Les courses sont très intenses pour le spectateur. La richesse des terrains alternant le plat dans l’herbe, la boue, le sable, les racines mais également des montées et descentes, des dévers permet un déroulement de course jamais figé. Un leader avec 20s d’avance au premier des 6 tours ne finira peut-être pas dans le top 5.
Dans le déroulement et la forme, le cyclocross est un sport très télégénique qui se rapproche finalement beaucoup des sports mécaniques comme le MotoGP. On y voit beaucoup de changements de leaders, énormément de dépassements et parfois des soucis mécaniques ou des chutes. Pas évident en effet de descendre une pente boueuse ou sablonneuse sur des pneus aussi fins et avec un vélo de route.
Les concurrents changent d’ailleurs de temps en temps de vélo en passant pas une zone de ravitaillement où leurs mécaniciens préparent une seconde machine toute propre pour éviter les soucis mais malgré cela, il n’est pas rare de voir un coureur terminer la course le vélo sur l’épaule ou rallier son stand en courant avec sa machine abîmée sur l’épaule.
Une discipline exigeante
Les acteurs de ce cirque d’hiver, les Stybar, Nys, Alberts, Wellens sont peu connus en dehors de leurs pays d’origine ou des passionnés et pourtant ces athlètes n’ont pas grand chose à envier côté titres ou palmarès à beaucoup de coureurs mondialement connus. Certains, comme le français Steve Chainel ou encore le tchèque Zdenek Stybar, champion du monde en titre, font quelques courses sur route, notamment des classiques flandriennes. D’autres comme John Gadret, 4ème du dernier Giro, prouvent que ce sport forme bien et crée des coureurs puissants dans le chrono comme en montagne, tout comme peut le faire le VTT, Cadel Evans ou Jean-Christophe Péraud en étant des preuves tangibles.
De plus, alors que les courses sur route sont parfois annulées ou raccourcies pour cause de météo capricieuse, le cyclocross se court par tous les temps, même sur sol gelé, sous la neige. Les coureurs sont même quasiment toute la saison en cuissard court ! Ils sont là les vrais forçats.
Une ambiance familiale
Sur les manches de cyclocross, on retrouve l’ambiance qu’il est permis de trouver sur les classiques flandriennes ou sur le bord des routes du Tour. Un amoncellement de passion, de curiosité et de bonne humeur, la possibilité d’approcher les champions et de voir au plus près l’effort.
On s’y sent bien en vrai comme à la télévision où cette passion du public transparait.
Ajoutons à cela une organisation aux petits oignons et des parcours serpentant dans des prairies et faisant la part belle aux spectateurs et on obtient une discipline forcément aimée du public.
Un sport malaimé des médias
Je me suis toujours demandé pourquoi, à part en Belgique, le cyclocross n’était pas plus connu et respecté médiatiquement tant ce sport est exigeant. La variété des terrains, la puissance et l’endurance nécessaires pour courir à bloc une course d’1h où se succèdent montées, passages dans le sable ou la boue en fait une discipline redoutable où une parfaite condition est nécessaire (ceux qui ont déjà roulé, ne serait-ce qu’en VTT dans ses conditions comprendront…).
Il est dommage de voir si peu d’attention des médias autres que belges pour ce sport très intéressant. Il est en moyenne bien plus intéressant qu’une course sur route lambda sans autre action que le sprint de fin. On y voit de l’action en permanence. Si la course est bien filmée, on assiste à tous les faits de course et on vibre comme si on était sur place devant son écran.
Certains passages sont impressionnants, notamment les montées d’escalier à fond avec le vélo sur l’épaule, les montées dans la boue…
C’est donc vraiment triste que ce sport pourtant court dans son format (1h30 avec l’avant course et la remise des prix) ne bénéficie pas d’une couverture médiatique à la hauteur de son intérêt.
Mon avis
J’aime bien ce sport et j’adore le regarder. Je trouve que les coureurs sont impressionnants de classe et de puissance sans être non plus démesurément dominateurs. On a certes toujours 4 ou 5 coureurs qui sortent du lot mais rarement une domination totale comme ce qu’on a pu voir cette année sur la route avec Gilbert par exemple.
Le type même de compétition fait que les vainqueurs évoluent et changent, on a toujours le même top5 ou top 10 mais jamais vraiment dans le même ordre, ce qui est rafraichissant.
J’espère donc qu’un jour on pourra voir plus de cyclocross dans les médias et que cette discipline trouvera dans le coeur des amateurs de sport la place qu’elle mérite.
Crédits Photos : Mikelo et Max Maroyov – Flickr.com CC
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